Forêt de Montagne à Java.
Photo extraite de « Des forêts pour les Hommes ». Editions Payot. 1984.
Coucou, me revoilà !
Le blog a pris des vacances forcées depuis le 5 Juin. Non, je n’étais pas partie me dorer au soleil des Bahamas. L’explication est bien autre. Ces derniers temps, de très forts remous au sein des Verts du Pays Basque produisent divers effets, avec, parmi les dégâts collatéraux, ma privation d’ADSL depuis deux semaines. Le très violent orage accompagné d’inondations, qui s’est abattu sur la commune d’Uhart-Cize le 11 Juin dernier, a créé une telle surcharge de travail chez les techniciens Telecom et Orange que le délai d’installation s’est trouvé encore allongé. Pas de chance, enfant du malheur, comme aurait dit mon papa.
Mais venons en au but. Les piteuses pratiques auxquelles je fais allusion un peu plus haut et qui concernent les Verts du Pays Basque auxquels je crois pourtant pouvoir affirmer sans prendre le risque de me tromper que je suis la personne la plus sincèrement et la plus fortement attachée, m’ont conduite à me remémorer le texte d’une contribution non soumise au vote qu’avec JCM, un Charentais alors étudiant à Bordeaux, nous avions présentée lors d’une Assemblée Générale des Verts d’Aquitaine, il y a de cela une douzaine d’années. Vous verrez, c’est un peu surprenant pour une contribution à une AG de Parti Politique. Lurbeltz, si tu me lis, tu verras que nous t’avions précédé dans la pratique de l’allégorie là où on l’attend le moins. Nous n’avions rien écrit par nous-mêmes, seulement réalisé la compilation d’une chanson de Bernard Lavilliers et de quelques citations.
La voici :
Minha Selva.
« Des pas au couchant se glissent
dans la poussière du soleil.
Des patios aux dalles lisses, des hamacs sans sommeil.
L’eau transparente qu’on rêve et qui jamais n’apparaît.
Vient la valse des regrets.
Noir labyrinthe des jungles où le chasseur disparaît
Egorgé près de son flingue par le tigre qu’il voulait.
La chaleur et puis la fièvre et l’attente du passeur, voyageur.
Etre à l’aube des échecs seul avec des Jivaros
sans un mot, avec des chefs venus du Mato Grosso.
C’est la Selva qui t’enseigne la solitude des rois, la solitude.
Dans l’abstraction végétale, la forêt prend des allures
formidables de cathédrale dressée dans le clair obscur.
Le temps n’est pas un chantage, il ne prouve pas le vécu.
Qui peut vivre ici, des hommes qui n’ont pas connu de loi.
Je parle de la loi des hommes dont la nature ne veut pas,
Qui connaissent comme personne tout ce que vous ne
saurez pas, la selva.
Minha selva, minha selva.
Bernard Lavilliers.
Argumentation de la motion “Minha selva”.
La poésie ne s’explique pas, ne se comprend pas, mais elle se ressent. Il serait donc malvenu de faire un plaidoyer pour elle. Ajoutons donc un peu de littérature et la conscience de chacun fera le reste.
Au sujet de la majorité : « La vérité appartient à très peu ». Goethe.
Au sujet des moyens : « Le conflit est père de toute chose ». Héraclite.
Au sujet de la pureté : « Les dieux sont morts mais les diables sont vivants ». Malraux.
Au sujet de l’avenir : « Le ventre est encore fécond d’où sortit la bête immonde ». Brecht.
Au sujet du désarroi : « A ceux qui veulent changer le monde : méfiez-vous, le monde ne vous a rien demandé. ». Luis Rego.
Tronc de Hêtre dans la Haute Vallée de la Fecht (Haut Rhin).
Dessin à la pointe Bic, in « Reliques de nos forêts de jadis ». Editions des « Dernières Nouvelles d’Alsace ». 1981.