5 décembre 2008
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17:00
Sitelle Torchepot dans le très vieux poirier devant ma fenêtre. Photo Lolo.
Encore merci, Lolo.
Connaissez-vous ce texte de Milan Kundera, dans "Les testaments trahis"?
Bien que pas encore à l'agonie, je profite de cette présentation pour lancer un appel à ma fifille: Itziar, quand la Sitelle et moi ne serons plus là,
laisse tranquille le vieux poirier qui est devant la fenêtre.
Et tous les autres arbres, d'ailleurs!
"Ah, il est si facile de désobéir à un mort. Si malgré cela, parfois, on se soumet à sa volonté, ce n'est pas par
peur, au contraire, c'est parce qu'on on l'aime et qu'on refuse de le croire mort. Si un vieux paysan à l'agonie a prié son fils de ne pas abattre le vieux poirier devant la fenêtre, le poirier
ne sera pas abattu tant que le fils se souviendra avec amour de son père.
Cela n'a pas grand chose à faire avec une foi religieuse en la vie éternelle de l'âme. Tout simplement un mort que
j'aime ne sera jamais mort pour moi: je l'ai aimé; non, je l'aime.
Et si je refuse de parler de mon amour pour lui au temps passé, cela veut dire que celui qui est mort est. C'est là
peut-être que se trouve la dimension religieuse de 'homme. En effet, l'obéissance à la dernière volonté est mystérieuse : elle dépasse toute réflexion pratique et rationnelle: le vieux
paysan ne saura jamais, dans sa tombe si le vieux poirier est abattu ou non; pourtant il est impossible au fils qui l'aime de ne pas lui obéir.
Dans un souvenir, on ne retrouve pas la présence du mort; les souvenirs ne sont que la confirmation de son absence:
dans les souvenirs, le mort n'est qu'un passé qui pâlit, qui s'éloigne, inaccessible. Pourtant, s'il m'est impossible de jamais tenir pour mort l'être que j'aime, comment se manifestera sa
présence? Dans sa volonté que je connais et à laquelle je resterai fidèle. Je pense au vieux poirier qui restera devant la fenêtre tant que le fils du paysan sera vivant."