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7 avril 2009 2 07 /04 /avril /2009 17:00
Le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, le Jardin des Plantes, pour moi, c'est important.
C'est là qu'en Mai 68 (mais ce n'est qu'un hasard---), j'ai fait connaissance des amis avec qui nous avons créé le mouvement "Jeunes et Nature" que nous avons tenu à coeur de faire accepter comme le mouvement des Jeunes de la FFSPN ( Fédération Française des Sociétés de Protection de la Nature, aujourd'hui FNE "France Nature Environnement").
En ces lieux magiques au coeur de Paris, adolescente pas trop bien dans ses baskets d'étudiante et  citadine par force, j'ai eu l'incroyable chance de rencontrer à maintes reprises des gens comme Jean Dorst, les frères Terrasse, le Professeur Jovet, connu et honoré en Pays Basque, François Terrasson et peut-être le plus grand de tous, l'immense Théodore Monod, tous naturalistes et humanisters.
La fac de Jussieu était toute proche. Des syndicalistes, des scientifiques commençaient à alerter sur le danger de l'amiante qui était omniprésente dans ses bâtiments. Avec nos minuscules moyens, nous tentions de relayer leur action. Comme eux, nous étions l'objet de la risée générale. Je ne vous fais pas de dessin, vous savez ce qui s'est passé beaucoup, beaucoup, beaucoup plus tard.
Quand notre minuscule bureau d'arrière-cour, Boulevard Saint Germain, nous semblait trop exigu et que nous commencions à y manquer d'air, remontant une partie du Boulevard, nous engageant dans la rue des écoles, passant Place Marcellin Berthelot sous les marronniers du Collège de France, suivant la rue Jussieu, nous arrivions rue Cuvier et après avoir traversé le vieux porche de pierre, nous entrions dans le Jardin. Le soir, nous attendions la toute dernière minute avant la fermeture ( au grand dam des gardiens, tous invalides de guerre---, qu'ils nous pardonnent de là où ils sont aujourd'hui )  pour nous engouffrer dans les couloirs du métro afin de  rentrer chez nous,  juste pour le bonheur d'entendre la Hulotte.
De là,la fenêtre ouverte sur les frondaisons, nous avons lancé la première "Journée de l'arbre", la première "Semaine de la Terre", avec les Amis de la Terre et la Fédération Cotravaux, les actions de résistance contre BSN qui commençait à généraliser les bouteilles en plastique, soutenu les résistants du Larzac, défendu bec et ongle le Parc National de la Vanoise, victime de " dérogations" , une spécialité bien française, et tant d'autres combats encore.
Nous entendions parler de Claude Marie Vadrot, un journaliste qui défendait la nature et avait choisi le pseudonyme de Claude Meung, ce qui me ravissait particulièrement, moi qui porte depuis toujours une immense affection au poète -chansonnier anarchiste Gaston Couté, qui a passé son enfance dans le village de Meung sur Loire.

C'est pourquoi aujourd'hui, je suis heureuse de publier le texte ci-dessous.
Avec du retard, malheureusement. Mais il y a tant et tant d'urgences!




mardi 31 mars 2009
 Au jardin des Plantes il est désormais interdit de penser et de parler.
Histoire d'un cours interdit 
Je suis inquiet, très, très inquiet... Vendredi dernier, à titre de solidarité avec mes collègues enseignants de l’Université de Paris 8 engagés, en tant que titulaires et chercheurs de l’Education Nationale, dans une opposition difficile à Valérie Pécresse, j’ai décidé de tenir mon cours sur la biodiversité et l’origine de la protection des espèces et des espaces, que je donne habituellement dans les locaux du département de Géographie (où j’enseigne depuis 20 ans), dans l’espace du Jardin des Plantes (Muséum National d’Histoire Naturelle), là où fut inventée la protection de la nature. Une façon, avec ce « cours hors les murs », de faire découvrir ces lieux aux étudiants et d’être solidaire avec la grogne actuelle mais sans les pénaliser avant leurs partiels. Mardi, arrivé à 14 h 30, avant les étudiants, j’ai eu la surprise de me voir interpeller dés l’entrée franchie par le chef du service de sécurité tout en constatant que les deux portes du 36 rue Geoffroy Saint Hilaire était gardées par des vigiles... - « Monsieur Vadrot ? ». - euh...oui - Je suis chargé de vous signifier que l’accès du Jardin des Plantes vous est interdit - Pourquoi ? - Je n’ai pas à vous donner d’explication.... - Pouvez vous me remettre un papier me signifiant cette interdiction ? - Non, les manifestations sont interdites dans le Muséum - Il ne s’agit pas d’une manifestation, mais d’un cours en plein air, sans la moindre pancarte... - C’est non.... Les étudiants, qui se baladent déjà dans le jardin, reviennent vers l’entrée, le lieu du rendez vous. Le cours se fait donc, pendant une heure et demie, dans la rue, devant l’entrée du Muséum. Un cours qui porte sur l’histoire du Muséum, l’histoire de la protection de la nature, sur Buffon. A la fin du cours, je demande à nouveau à entrer pour effectuer une visite commentée du jardin. Nouveau refus, seuls les étudiants peuvent entrer, pas leur enseignant. Ils entrent et, je décide de tenter ma chance par une autre grille, rue de Buffon. Où je retrouve des membres du service de sécurité qui, possédant manifestement mon signalement, comme les premiers, m’interdisent à nouveau l’entrée. Evidemment, je finis pas le fâcher et exige, sous peine de bousculer les vigiles, la présence du Directeur de la surveillance du Jardin des Plantes. Comme le scandale menace il finit par arriver. D’abord parfaitement méprisant, il finit pas me réciter mon CV et le contenu de mon blog. Cela commencer à ressembler à un procès politique, avec descriptions de mes opinions, faits et gestes. D’autres enseignants du département de Géographie, dont le Directeur Olivier Archambeau, président du Club des Explorateurs et Alain Bué, insistent et menacent d’un scandale. Le directeur de la Surveillance, qui me dit agir au nom du Directeur du Muséum (où je pensais être honorablement connu), commençant sans doute à discerner le ridicule de sa situation, finit par nous faire une proposition incroyable, du genre de celle que j’ai pu entendre autrefois, comme journaliste, en Union soviétique : - Ecoutez, si vous me promettez de ne pas parler de politique à vos étudiants et aux autres professeurs, je vous laisse entrer et rejoindre les étudiants... Je promets et évidemment ne tiendrais pas cette promesse, tant le propos est absurde. J’entre donc avec l’horrible certitude que, d’ordre du directeur et probablement du ministère de l’Education Nationale, je viens de faire l’objet d’une « interdiction politique ». Pour la première fois de mon existence, en France. Je n’ai réalisé que plus tard, après la fin de la visite se terminant au labyrinthe du Jardin des Plantes, à quel point cet incident était extra-ordinaire et révélateur d’un glissement angoissant de notre société. Rétrospectivement, j’ai eu peur, très peur...
Claude-Marie Vadrot.
http://horreurecologique.blogspot.com/
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commentaires

B
de plus, pour calmer nos rages, d'ici quelques années, la crise passée, nous recueillons des bienfaits matériels qui nous feront oublier comment fut coupé le bois de nos meubles.<br /> Quand serons diplômés ceux qui sortent d'une école sans valeur, n'allez pas leur dire que leur diplôme est du vent : d'ici là, on leur aura donné un poste à responsabilité.
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B
Ce n'est surtout pas cela, et il ne faut se tromper ni d'adversaire ni de combat. <br /> Un très grand chngement est en cours, un nouvel ordre mondial, comme les grands l'ont dit à Londres, ordre qui a compté ses soldats à Strasbourg, où le piège fut une police nombreuse sur laquelle chacun hurle tandis qu'elle n'a dans des tensions extrêmes ni blesé ni tué personne. Je nen dirai pas autant des papiers signés OTAN ou G 20. Ceci a de vagues et petits clapotis en surface : ne nous mettons en colère ni contre les ronds dans l'eau, ni contre la pierre qui tombe à l'eau, mais contre ceux-là, et pas un sans les autres, qui les jettent…
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X
c'est ton language habituel babel parce que je comprends rien. "fruit local de la mondialisation"?.<br /> Moi, je comprends qu'il y a une minorité qui s'en met plein les fouilles, et qui en veut de plus en plus quitte à écraser la majorité par la censure.<br /> ça fait penser aux chemises brunes
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B
lorsque les appreneurs sont retirés aux apprenants, on voit où est l'intelligence sociale. Socrate lui-même, finalement fut accusé de détourner la jeunesse. C'était au temps des Oligarques, et nous y sommes, mais au niveau mondial. Nous ferions erreur de ne critiquer que notre Oligarque sans penser à l'Oligarchie qui le soutient, ici, en nos paysages, reproduisant ses élites, et à l'horizon, tout autour, coalisant les élites ici et là reproduites. Cela s'appelle le fruit local de la mondialisation.
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J
mais qui sera le plus intelligent?
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