Vendredi 27 Juillet 2007: Mauvaise surprise à la lecture
du Journal du Pays Basque. A Came, la parcelle de maïs sur laquelle notre ami Bernard Poey avait installé des testeurs servant à déterminer la contamination par les transgéniques, a été détruite
volontairement avec un produit chimique. Plainte est déposée à la gendarmerie. Constat est fait par huissier. Je pense à ces faucheurs volontaires qui opèrent à visage découvert devant caméras et
appareils photographiques et qui se font traiter de "terroristes". Rien d'étonnant à ce que les valets des grandes firmes de l'agribusiness ne soient pas aussi courageux. J'appelle au
téléphone plusieurs personnes qui me disent "Ce n'est qu'un début. C'est une pratique qui existe depuis un moment au Canada. Ici aussi, cela va prendre de l'ampleur". Réjouissant---!!!!!
J'appelle ensuite Bernard pour l'assurer de mon soutien et de celui des Verts du Pays Basque. Je lui fait part de mon programme de la journée : un peu d'animation à l'inauguration du barrage
d'Eslourenties, en Béarn. Et lui de me rappeler que déjà, il y a 25 ans, il était de ceux qui luttaient pied à pied contre le projet.
Me voici donc partie avec trois amies, pour Eslourenties, encore plus motivée que prévu,.
Pour dire les choses comme elles sont, je suis casanière. Je ne sors quasiment jamais de chez moi. Le Béarn, si proche, je n'y vais que pour les manifs ou autres actions : contre le massacre du
Soussouéou il y a de cela fort longtemps, pour la réouverture du Pau -Canfranc ( http://www.intermodalite.com/creloc/ ), contre le
tunnel du Somport et l'axe E7 ( http://www.comiteaspe.fr/ ) ou encore, devant le Conseil Général, pour demander l'abandon du projet de couloir à
camions transnavarrais ( http://perso.orange.fr/leia.elkartea/sommaire.htm. ). Ce vendredi, sans doute est-ce parce que le thème de
la journée tourne autour du maïs,hybride, irrigué, trangénique ou pas, mais jamais je ne m'étais rendu compte à ce point de son omniprésence dans les paysages dès que l'on passe Saint-Palais.
Overdose, écoeurement, comme devant toute monoculture ou tout mono élevage. Une pensée, comme trrrrrrrrrrrès souvent, pour Jean Giono qui dans les années trente déjà demandait aux paysans
de ne pas laisser faire, de ne pas renoncer à leur liberté pour devenir les hommes de main d'un système qui ne souhaite que leur mort et celle de la société, pour ne pas dire de la civilisation
paysanne. Une pensée aussi, en ce pays Béarnais, pour Bernard Charbonneau et ses "Tristes campagnes".
Nous arrivons à Eslourenties vers 17 heures . Une conférence de presse est organisée par les opposants au barrage sous les ombrages d'une cour de ferme où picorent en liberté quelques superbes
poules et un coq de race gasconne.
C'est l'Association "Gabas, Nature et Patrimoine qui officie, avec le soutien d'Ende Doman, des Amis de la Terre et de la SEPANSO Béarn (j'espère n'oublier personne). Ah si! Les
Verts. Et les opposants au barrage de Charlas (Comminges).
Voici le résumé de la communication à la presse:
Un nouveau barrage vient s’ajouter à la liste déjà trop longue des barrages sur l’Adour ; le barrage du Gabas, un affluent de l’Adour, sera inauguré demain en grande pompe par l’Institution
Adour. Le WWF, aux côtés de l’association Gabas Nature depuis 2001 dans la lutte contre ce projet, dénonce les conditions d’illégalité de l’ouverture de l’ouvrage qui doit permettre de
récupérer 20 millions de mètres cubes d’eau aux seules fins d’irrigation du maïs sur le Bassin de l’Adour.
Victoire juridique mais échec sur le terrain
Le barrage d’Eslourenties de 27 mètres de hauteur, achevé il y a un an, a noyé 4 kilomètres de la vallée du Gabas, inondé 245 hectares de milieux naturels d’une remarquable richesse et
stocke 20 millions de mètres cubes d’eau. Pour Martin Arnould, chargé du programme « Rivières vivantes », l’utilité de cet ouvrage est très contestée : « Cette retenue est d'abord faite pour
étendre de 3 000 hectares supplémentaires les surfaces irriguées sur le bassin de l'Adour, déjà passablement noyé sous le maïs. Et ensuite pour remettre de l'eau dans l'Adour, asséché par ces
mêmes cultures irriguées et le développement asphyxiant de la monoculture du maïs dans le Sud-Ouest. Le mono-usage, en l'occurrence l'irrigation, ne doit plus confisquer les rivières ! »
L’ouvrage a pourtant bien été reconnu illégal par la Cour Administrative d'Appel de Bordeaux le 22 mars 2007, suite à l’ignorance délibérée des lois sur la corruption et la maîtrise d'ouvrage par
l'Institution Adour et la CACG : non respect des « débits réservés », destruction de sites et d’espèces protégés (écrevisses à pattes blanches), réduction de belles rivières (Lées, Gabas) à
l’état de canaux d’irrigation.
Le maïs alimente en effet, le modèle de développement agricole en vigueur depuis plus de 40 ans, basé sur l’augmentation indéfinie des rendements, la concentration des exploitations et des
productions. Son expansion incessante (50 000 hectares en 1980 pour le bassin de l’Adour, plus de 160 000 aujourd’hui, 600 000 pour le Sud-ouest) coûte un prix de plus en plus intolérable :
destruction des milieux aquatiques , empoisonnement progressif de l’eau par les pesticides et les nitrates, épuisement et érosion des sols, « monotonisation » des paysages et désertification du
monde rural.
Suite à cette conférence de presse, nous sommes sept à nous vêtir d'un tee-shirt arborant une lettre peinte sur le devant et une autre à l'arrière. Nous nous approchons du lieu de l'inauguration.
Et là, nous entamons une "chorégraphie". Alignés en rang d'oignons, côté face, on peut lire "Barrage" sur nos tee-shirts et côté pile "Illégal". Les journalistes nous suivent, nous
photographient. La consolation est bien mince, mais tout de même, nous volons un peu la vedette aux "huiles".
Grâce à ce lien, pendant quelques jours, vous pourrez voir les images passées sur France 3 Pau Sud-Aquitaine :
http://videojts.francetv.fr/pau/pau.php?id=l64b_locale&portail=regionaquitaine&m_OAS=regions.france3.fr/aquitaine/videojt/1920local/pausudaquitaine&m_mmtrie=france3_regions_aquitaine_videojt_1920local_pausudaquitaine&debit=2&plein_ecran=1
Comme il se doit, hélas, on y voit surtout les chauds partisans du barrage, mais Jacques Mauhourat, Président de la SEPANSO Béarn, y dit quelques mots.
Bon, je sais, l'action menée ce jour là n'a pas changé la face du monde, mais que faire d'autre? Pot de terre contre pot de fer--- Comment mettre le feu au lac?
Allez donc faire un tour sur le site de "Gabas Nature et Patrimoine". http://www.gabas.org/
Une amie m'écrit " As as-tu vu les panneaux de "Passion Céréales" dans les champs ? J'en ai vu
trois à Labenne et à St Palais à côté de Lur Berri; le 1er:"Les céréales par
amour de la terre", le 2ème: De l'eau pour irriguer par amour pour les
céréales" et le 3ème: "Des biocarburants par amour propre". Je suis allée
sur leur blog hier pour dire ce que je pensais. Mais, on arrive à un délire
verbal et une confusion des mots qui ne peuvent que générer la confusion des
idées"
Oui, Françoise, l'ère du slogan ne fait pas dans la dentelle. Il n'empêche qu'à mon avis, les gros céréaliers et marchands de semence doivent se sentir assez mal aimés de l'opinion publique
pour éprouver le besoin d'une telle campagne de séduction auprès du public. Enfin, il me semble et ça me réjouit fort, je l'avoue.
Allez, la lutte continue, ici et partout.
NB : les photos sont l'oeuvre de Pierre Coudouy, photographe indépendant et militant, entre autres, de l'association "Gabas, Nature et Patrimoine" . Je vous invite à
aller visiter son site personnel. http://www.coudouy.com/,