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25 novembre 2008 2 25 /11 /novembre /2008 07:00



A la Sainte Catherine, certaines mettent de drôles de chapeaux.


Mais la Sainte Catherine, c'est aussi et surtout le jour de l'année  dont on a coutume de dire qu'il est le plus approprié à la plantation des arbustes et des arbres.



Le 24 Novembre 1983, je plantais ce Tilleul argenté, ici photographié il y a quelques jours.. Le lendemain, 25 Novembre, jour de la Sainte Catherine, naissait Itziar Estelle ma fille. Je me souviens lui avoir dit, alors qu'elle avait quelques heures : "Itziarño, puisses-tu avoir, comme ton frère le Tilleul, les pieds sur Terre et la tête dans les étoiles".



Avec Cédric, en 1987, sous les noisetiers plantés en 1973. J'avais baptisé cette photo "L'attaque de la diligence".

Bien entendu, je suis du côté des Indiens!


En 1987 encore,  près d'un châtaignier  planté par mes soins sur les hauteurs d'Uharte Garazi.




Urtebetetze on, alabatxo! Bon anniversaire, fifille!

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20 novembre 2008 4 20 /11 /novembre /2008 17:00


J'ai publié ce texte parce qu'il parle de Giono, des arbres et de "L'homme qui plantait des arbres", trois bonnes raisons.

Il n'empêche que je ne suis pas du tout d'accord avec l'interprétation de cette dame quant à l'opinion de Jean Giono par rapport à la "durabilité" de la forêt.  Dans le livre, il parle d'une intervention humaine pour rendre ses droits à la forêt que l'Homme a détruite. Mais j'aime tellement Giono que je ne peux arriver à croire un seul instant  qu'il ait imaginé que la forêt ne pouvait vivre longtemps sans une gestion humaine.

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17 novembre 2008 1 17 /11 /novembre /2008 13:00
Une fleur de Palétuvier rouge. Photo: http://ti.racoon.free.fr/picture.php?image_id=1087&cat=46&expand=all
Pour tout savoir sur les Palétuviers:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pal%C3%A9tuvier


Il existe bien des façons de célébrer les arbres.
Aujourd'hui, j'en choisis une légère , avec les paroles d'une chanson interprétée en 1934 par Pauline Carton 
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pauline_Carton
et René Koval , "Sous les Palétuviers.".
Grâce au lien ci-dessous, vous pourrez écouter la chanson. Et sincèrement, je vous le conseille. Ca vaut le détour!

http://www.chanson.udenap.org/fiches_bio/carton_pauline.htm


Sous les palétuviers
L'amour ce fruit défendu vous est donc inconnu
Ah ! Cela se peut-il joli petit bourgeon d'avril
Non je ne l'ai jamais vu, jamais vu ni connu
Mais mon cœur ingénu veut rattraper
Vois-tu tout le temps perdu
Ah ! rien ne vaut pour s'aimer les grands palétuviers,
Chère petite chose
Ah ! Sous les palétuviers, je vous sens frétiller,
Je veux bien essayer
Ah ! Viens sous les pa..
Je viens de ce pas et je vais pas à pas
Ah ! Suis-moi veux-tu !
Je n'suis pas vêtue sous les grands palétus
Viens sans sourciller,
Allons gazouiller sous les palétuviers
Ah oui ! Sous les pa pa pa pa, les pa pa les tu tu,
Sous les palétuviers
Ah ! Je te veux sous les pas, je te veux sous les lé,
Les palétuviers roses
Aimons-nous sous les patus, prends-moi sous
Les laitues, aimons-nous sous l'évier
Ah ! Ton cœur me semble encore hésiter cher trésor
Mais je peux tout oser pour un p'tit, tout petit baiser
Un vertige m'éblouit, un baiser c'est exquis
Mais dès qu'il l'aura pris,
Je vais être pour lui l'objet du mépris
Non le mépris je t'en prie ce n'est pas dans mes prix,
Car je suis pris, mignonne
Mon cœur est aux abois, je te donne, ô mon roi,
Mon corps au fond des bois
Ah ! Viens sous les pa..
Je viens de ce pas et je vais pas à pas
Ah ! Suis-moi veux-tu !
Je n'suis pas vêtue sous les grands palétus
Viens sans sourciller,
Allons gazouiller sous les palétuviers
Ah oui ! Sous les pa pa pa pa, les pa pa les tu tu,
Sous les palétuviers
Ah ! Je te veux sous les pas, je te veux sous les lé,
Les palétuviers roses
Aimons-nous sous les patus, prends-moi sous
Les laitues, aimons-nous sous l'évier
Si je comprends bien, tu me veux mon chien,
Sous les grands palé tu viens




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13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 13:00
Bernard Boisson : la forêt sans l’homme réveille l’humain intérieur

http://roudondiffusion.free.fr/bernardboisson.html

par Bernard Boisson

 

Forêt de Fontainebleau, photo Bernard BoissonCette pensée peut apparaître provocante, tant la bibliographie forestière porte en elle, depuis des décennies, nombre d’ouvrages sous des titres redondants «La forêt et les hommes», «Les hommes et la forêt» : des titres qui supposent d’emblée un accueil consensuel. D’autre part, cette pensée ramassée en une seule formule résume toute une conscience de fond, qui outre de renverser nos présupposés, peut nécessiter tout un développement pour délivrer son bien fondé. J’ai fait de cette pensée, une introduction à mes expositions photographiques et à mes ouvrages. Tout d’abord, partons du constat qu’elle trouble. Mais est-elle duale ou est-elle paradoxale ? Elle sera l’une ou l’autre selon la manière de chacun à l’appréhender ; et ne vous y trompez pas : votre manière d’interpréter va d’abord vous révéler vous-même.

Si cette pensée vous fait réagir et qu’elle vous choque, cela signifie que vous êtes dans le point de vue conflictuel. Si au contraire, cette pensée vous interpelle, vous questionne, vous creuse intérieurement, cela signifie que vous êtes de ceux qui pensent que la réalité ne s’accommode jamais des points de vues simplistes et nous provoque à la maturation. Vous comprenez dès lors tout le paradoxe d’une situation. Cette pensée donne à notre culture française la clef d’une porte qu’elle n’a jamais sérieusement ouverte. L’approche conflictuelle pense que «la forêt sans l’homme», ou «la nature sans l’homme» est un rêve d’écologiste extrémiste, et un tel présupposé déclenchera tellement d’émotion que bien des personnes qui sont dans cette approche, n’entendrons même pas cette seconde précision : à savoir que cette forêt ou cette nature «réveille l’humain intérieur». Dans l’emballement émotif qui sous-tend leurs considérations, elles croient à une opposition entre certains courants écologistes et certaines valeurs humanistes. Or justement, si «la nature sans l’homme réveille l’humain intérieur», prôner une telle dimension de nature, c’est autant prôner le ressourcement humain et libérer notre dimension humaine du conditionnement de l’homme par l’homme, donc se retrouver au plus profond de ce qui peut enrichir et renouveler notre humanité. Si donc cette pensée dérange, elle ne dérange ni l’écologie ni l’humanisme, mais toutes sortes d’intérêts d’un autre ordre qui se maintiendront d’autant que perdure notre confusion mentale.

Dire que les forêts sauvages réveillent l’humain intérieur, c’est décrire tout l’éveil de sensibilité que nous pouvons y vivre qui nous extirpe des perceptions égocentrées ordinaires. Comme ces forêts n’ont pas de signalétique, rien qui renvoie l’homme aux usages humains, elles détiennent ce singulier pouvoir de nous aider à reprendre contact avec le monde en dehors de notre mental, par le sensible direct !

L’expérience peut mener très loin, si nous voulons bien nous y laisser prendre… J’ai témoigné de cette expérience, par la photo dans le livre «La forêt primordiale», et par l’écrit dans le livre «Nature primordiale, des forêts sauvages au secours de l’homme». En fait, «la nature sans l’homme» peut devenir une source d’inspiration première pour un humanisme non entaché d’anthropocentrisme.

Là, nous touchons le paradoxe, un point très délicat et très ambigu, concernant notre relation à la nature qui nous oblige à être de plus en plus subtils dans nos comportements et dans la conservation de la nature, surtout dans la manière de penser sa fréquentation.

En effet, si nous mettons en évidence tout le déconditionnement mental et tout le réveil de sensibilité que nous pouvons vivre dans «une une nature sauvage que nous découvrons en solitaire», l’ampleur de cette expérience se dissoudra aussi vite qu’un certain degré de fréquentation humaine importera son univers mental et ses conditionnements dans l’ambiance initiale des forêts sauvages. Nous comprenons très vite que de tels lieux sont impropres aux comportements touristiques ordinaires ; que la consommation de divertissements en plein air, d’anecdotes naturalistes… coupent la plupart du temps la contemplation sensitive qui nous conduit à plus profond. Là, tous les comportements habituels de groupe contreviennent à l’éveil solitaire que nous pourrions vivre. A faire état de cette situation, certains diront : «si vous voulez réserver la nature à ceux qui ont les dispositions les plus profondes, votre point de vue est élitiste». Cette remarque va aussi dans le sens d’une mise en doute que le naturaliste (ou l’amoureux de nature) puisse être vraiment «humaniste», sous-entendu : «s’adressant à tout homme». Mais quel est le point de vue humaniste : s’adresser à tout homme selon ses habitudes les plus ordinaires, voire les plus conditionnées, ou s’adresser au plus profond de l’homme en chacun ?

Plus les gens ont besoin de nature, plus nous nous retrouvons à nous poser cette question : comment au niveau de notre société entière, retourner vers la nature sans la faire reculer ?

Les forêts sauvages constituent des concentrés d’ambiance à forte densité. Y entreprendre des aménagements, c’est mettre la nature à la portée de l’homme au-lieu de l’inverse. Cela revient à saper cette possibilité que l’humain puisse s’éveiller audelà de sa condition humaine. Le prêt-à-voir, le prêt-à-plaire, le prêt-à-consommer, tous les «prêt à» du tourisme dans ses infrastructures, sa médiatisation, et son organisation, nous coupent d’un contact direct avec l’indicible, l’ailleurs, l’intemporel qui émanent du tréfonds des bois sauvages. Quand nous prenons conscience de cela, nous en venons à remettre en cause le trop de marquage humain dans les autres milieux naturels : la montagne, le littoral…

C’est en ce sens que révéler toute la dimension fortement poétique des forêts naturelles sans aplatir ce sujet à une simple éducation naturaliste, c’est susciter à partir de notre culture un pôle de reconversion de conscience qui nous entraînera à créer une toute autre dynamique de pensée dans les médias (si leurs représentants le veulent bien !). Ce mouvement de fond culturel peut nous questionner sur une remise en cause de nos comportements dans la fréquentation des milieux naturels, et nous induire à une manière nettement différente de penser la conservation de la nature.

«La forêt sans l’homme réveille l’humain intérieur» : croyez-vous vraiment que c’est une pensée «d’écolo» ? C’est avant tout la pensée d’un amoureux de l’intime. Si tant de gens compensent par une surfréquentation de nature nos malaises de société, c’est que nos environnements artificiels, nos milieux professionnels sont dramatiquement dépourvus d’intimité. Rétablissez l’intime dans le monde artificiel, et les êtres humains redécouvriront la nature pour elle-même et non par besoin de compensation. Ainsi, les médias ont pour responsabilité de rendre plus intelligents nos comportements de masse au lieu de profiter sans discernements de nos besoins réactifs.

Bernard Boisson

Naturalité, la lettre de Forêts Sauvages n°5, octobre 2008

Faites un geste pour les forêts sauvages
Offrez quelques mètres carrés de naturalité !

Faites un don à ″Forêts Sauvages″, et nous nous engageons à reverser l’intégralité des sommes reçues pour l’acquisition de forêts et de milieux naturels à fort potentiel de naturalité. Ainsi acquises, ces surfaces auront la meilleure des protections qui soit : la maîtrise foncière pour une libre expression de la nature.

″Forêts sauvages″ travaille actuellement à l’achat d’autres forêts aux diversités biologiques remarquables. Et dont seule la maîtrise foncière pourra permettre la pérennité. Nous avons besoin de vous ! Un reçu fiscal vous sera adressé dès réception de votre contribution. Il vous permettra de bénéficier d’une exonération fiscale de 66% du montant de votre don.

Nom :
Prénom :
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Code Postal :
Commune :
Adresse e-mail :
Je fais un don de :        à Forêts Sauvages afin de permettre à celle-ci, l’acquisition de forêts ou milieux naturels qui seront laissés en libre évolution.
Date :
Signature :

Bulletin à adresser à : Forêts Sauvages
4, Rue André Laplace. 43000 Le Puy-en-Velay


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7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 06:00
Wangari Maathai rêve "qu'en replantant des millions d'arbres, on oriente l'Afrique vers la paix" - ici, le 29 mai 2008.

En lisant l' article du Monde ci-dessous, m'est revenue à l'esprit  cette phrase prononcée par Robert Morel, le héros du roman visionnaire de Romain Gary, "Les Racines du Ciel" (1954): http://www.romaingary.org/racinesduciel.php
"N'importe quel gars qui a connu la faim, la peur ou le travail forcé, commence à comprendre que la protection de la nature, ça le concerne directement".

Wangari Maathaï : "Je rêve qu'en replantant des millions d'arbres, on oriente l'Afrique vers la paix"

J'ai longtemps cru que le monde était une vallée de terre riche, dominée par les contreforts des monts Aberdore et au nord par le mont Kenya. Je pensais que les acacias au feuillage mince et dur, les torrents vivaces et purs où nous allions chercher l'eau étaient éternels. Et j'imaginais que les champs où ma mère me déposait, enfant, pour mieux ramasser le managu, ce légume vert sauvage qui accompagnait nos gâteaux de maïs, seraient toujours fertiles. A mes yeux, cette vallée du Rift où mon père travaillait dans la ferme d'un colon britannique était l'univers tout entier. Et cet univers avait la couleur des forêts. Il avait l'odeur des épices et du pyrèthre. Il avait aussi ses lois.

Après la seconde guerre mondiale, de nombreux soldats de l'armée britannique avaient été récompensés en recevant des terres dans les lointaines colonies. Les peuples indigènes, systématiquement évincés, avaient cependant droit à un petit lopin pour faire vivre leur famille lorsqu'ils acceptaient de travailler pour les Blancs. C'était le cas de mon père, venu des montagnes, et issu d'un peuple robuste, travailleur et, du fait du climat en altitude, insensible à la malaria. Toute sa vie, il a travaillé à Nakuru pour le même propriétaire blanc, M. Neylan, au point de le considérer avec déférence comme un ami. Je ne suis hélas pas certaine que M. Neylan pensait à mon père dans les mêmes termes...

De chez moi, on pouvait apercevoir les neiges du mont Kenya, à 5 000 mètres d'altitude. Il y en avait encore beaucoup à cette époque. Et mon peuple, les Kikuyu, respectueux de cette majesté qui émergeait parfois des nuages, considérait la montagne comme sacrée. Dieu, "Wanenaga", y habitait, disait-on avec respect. Mais la montagne n'abritait pas seulement "Wanenaga". Elle apportait aussi l'eau. Trois cents sources en jaillissaient, alimentant la plus large rivière du Kenya, la Gura. Il faut que vous imaginiez la puissance tumultueuse de ces flots, alors ! Le fracas des pierres qui roulaient ! La largeur impressionnante de la rivière ! Nous prenions l'eau aux sources. La nourriture était abondante, à portée de main, dans la nature si généreuse qui nous environnait. Je n'avais qu'une ou deux robes, nous n'avions pas l'électricité dans notre case, mais jamais nous ne nous sommes sentis pauvres.

Si je vous décris ces paysages, c'est parce qu'ils ont aujourd'hui disparu et que cette perte est une menace mortelle pour le Kenya, l'Afrique et peut-être le monde.

Un peu avant l'indépendance, en 1963, la classe politique kényane s'est attachée à former une nouvelle élite et a décidé, en association avec la fondation américaine Kennedy, l'envoi d'étudiants africains aux Etats-Unis. Ce fut ma chance. Très bonne élève d'une institution catholique de Nairobi, j'ai été sélectionnée et me suis envolée pour New York en 1960. J'en suis revenue six ans plus tard, bardée d'un diplôme de sciences et de biologie, et métamorphosée. J'avais acquis de l'assurance et la force de soulever des montagnes. Cela tombait bien. A mon retour, mon Kenya tant aimé était méconnaissable.

Les terres où vivaient mes parents avaient été réunies par le remembrement. Les talus et les buissons coupés. Les arbres avaient disparu. Les forêts de bambous épaisses et profondes, peuplées autrefois de singes columbus superbes avec leurs longs poils noir et blanc, avaient été brûlées pour dégager des terres cultivables.

A Nairobi, où j'enseignais à l'université, je fréquentais les mouvements féministes qui essaimaient en Afrique dans les années 1970. On y trouvait des femmes très éduquées comme moi, mais aussi des analphabètes venues de la campagne. Lorsque ces dernières m'ont dit qu'elles n'avaient plus assez d'eau potable, ni de petit bois pour le feu, ni de nourriture pour leurs enfants, lorsqu'elles ont parlé de l'abattage des arbres et des champs de thé, j'ai compris que quelque chose de grave s'était produit. Ces paysannes, qui venaient parfois des régions mêmes de mon enfance, se plaignaient toutes de la pauvreté. De la dureté du quotidien. De l'assèchement des terres. La rivière Gura, si pure et si tumultueuse autrefois ? L'eau y était désormais noire, les pierres figées, le débit faible.

Jusque-là, les Britanniques avaient remplacé une partie de la forêt indigène par des plantations d'espèces plus lucratives comme le pin, importé de l'hémisphère Nord, ou l'eucalyptus, venu d'Australie. Mais, depuis l'indépendance, les paysans étaient libres de planter des cultures qui leur avaient été autrefois interdites, comme le thé et le café, bien plus rentables à l'exportation. Et la déforestation s'était donc intensifiée, accentuant encore l'érosion.

Lorsque les destructions ont progressé vers la montagne, personne n'a protesté. Cela faisait tant d'années que les missionnaires, complices de tous les pouvoirs successifs, raillaient le mysticisme africain, que nos mythes les plus sacrés s'étaient effondrés. A quoi bon protéger une montagne dont personne ne croit plus qu'elle abrite Dieu ? Notez pourtant ce chiffre stupéfiant : à l'époque de la colonisation britannique, 30 % du territoire étaient couverts par la forêt. Aujourd'hui, la forêt représente à peine 2 % des terres. Mon rêve s'est donc dessiné peu à peu avec la disparition des arbres et la fonte des neiges du mont Kenya. Oh, il a commencé modestement, et sur une idée toute simple : à ces femmes qui décrivaient leurs champs devenus infertiles, j'ai proposé de replanter des arbres. C'était en 1974, et je n'avais alors pas de stratégie très élaborée. Mais je suis allée voir un forestier et j'ai réclamé des plants. Quinze millions. Il a ri. "Quinze millions ?" "Nous sommes 15 millions de Kenyans. Un Kenyan, un arbre."

Et nous avons monté une organisation avec les femmes. Nous avons organisé les pépinières. Et puis le transport des arbres, des pépinières jusqu'aux bordures des champs où ils devaient "habiller" les terres en formant une "ceinture verte" qui permettrait de limiter l'érosion, de faire revivre la faune et peu à peu de reconstituer la forêt. Il a fallu encore convaincre les fermiers de planter un arbre qu'ils ne verraient peut-être jamais adulte, leur donner un petit pécule et transformer ainsi cet acte écologique en moyen de subsistance. Mais notre mouvement, La ceinture verte, était né.


Beaucoup de terres avaient été privatisées dans les années 1980, et les forêts rasées. Chaque année, une partie des biens nationaux continuait d'être ainsi dilapidée dans un système où la corruption était maîtresse. Il a donc fallu dénoncer le pillage de notre terre par ceux-là mêmes qui étaient censés la protéger. Désigner les bénéficiaires et les responsables, c'est-à-dire essentiellement le gouvernement. Cela fit de nous des gens dangereux. Et nous avons commencé à être persécutés.

Nous avons été arrêtés plusieurs fois. Nos manifestations ont été interdites. Des procès nous ont été intentés. Mais La ceinture verte était devenue si populaire que j'ai dû organiser la récolte des fonds nécessaires à des plantations plus massives encore. Rien ne pouvait m'arrêter.

Quand on m'appela, un matin d'octobre 2004, pour m'annoncer qu'on m'attribuait le prix Nobel de la paix, je suis tombée des nues ! La paix ?... Oui, la paix. Et c'est bien de cela, au fond, qu'il s'agit. Détruire l'environnement affecte les conditions de survie des hommes et fournit le cadre de conflits potentiels. Paix, gestion durable des ressources et bonne gouvernance sont indissociablement liées. Y a-t-il meilleur symbole de paix et d'espoir qu'un arbre vivant ?

Alors je rêve que les Africains comprennent que la protection de la nature préservera d'abord leur autonomie et leur capacité à se nourrir. Je rêve que l'Afrique se dote de dirigeants compétents et en finisse avec ces corrompus qui privatisent, détruisent les territoires et sèment la guerre. Je rêve que le pouvoir, si clairvoyant sur l'intérêt des bûcherons, des promoteurs immobiliers et des compagnies de téléphone, cesse d'être aveugle devant ces étendues de cèdres et d'eucalyptus asséchées. Je rêve que l'Eglise nous offre, de mission en mission, de prêtre en prêtre, un précieux réseau d'éducation populaire. Je rêve enfin que l'on continue de replanter des arbres, par milliers, par millions, et qu'en retrouvant ses forêts, ses couleurs, l'Afrique découvre la démocratie et la paix.

En savoitr plus sur Wangari Maathai :

 

http://en.wikipedia.org/wiki/Wangari_Maathai

 








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5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 21:45

Puisque nous avons entamé le mois de Novembre, mois de la Sainte Catherine où « tout bois prend racine », je vais, à plusieurs occasions, vous parler des arbres, en quelque sorte assumer, clamer,  crier haut et fort mon « arbritude », comme dirait Julos Beaucarne, une arbritude profondément enracinée en moi depuis toujours . Je vais chanter le peuple des arbres, dont je me sens si proche.


Auprès de son Ormeau : 


De sa fenêtre, quelque part sur les coteaux du Gers, Luc Romann choyait du regard un Ormeau, haut d’une bonne trentaine de mètres (voir photo).

grand-ormeau001.jpg

Un jour, il y  a environ trente ans,  la Graphiose, cette terrible épidémie, a commencé à faire des ravages un peu partout dans l’Hexagone, y compris tout près de chez Romann. Les Ormeaux qui en étaient atteints, séchaient sur pied et mouraient les uns après les autres. Inquiet pour son bon géant, Luc s’est renseigné sur les moyens de lutte contre l’épidémie et a soigné l’arbre préventivement pendant sept années. En vain. La maladie, l’épidémie furent les plus fortes et par un beau mois de Juillet Gersois, l’ami Orme  perdit brusquement ses feuilles et mourut.
Dans une société où rien ni personne n’est reconnu s’il n’est performant et rentable, il n’est sans doute pas inutile de rappeler à quel point l’arbre mort peut être source d’alimentation et de vie pour nombre d’organismes végétaux ou animaux. « L’arbre mort, c’est la vie », dit un autocollant de l’ASPAS . C’est certain. Il n’empêche---- avoir devant les yeux tous les jours, à chaque seconde,  à quelques mètres de chez soi, le corps pathétique,  toujours immense et majestueux mais décharné et grisâtre de l’arbre tant admiré et aimé, est sans doute lourd à supporter.
Alors, la mort dans l’âme, Romann a fait venir un bûcheron. Monsieur l’Ormeau a été débité en planches. Puis sa souche fut arrachée. A la place de ses racines imposantes, un grand trou d’argile pure restait béant. L’utilisation de cette excavation semblait évidente. Il fallait en faire----une mare. 

IMAG0049.JPG


Et aujourd’hui, la Vie est toujours là, présente sous d’autres formes pour la joie des grenouilles vertes, des tritons, des libellules--- et j’en oublie --- les chevreuils .... les renards ... et les chats ....et les chiens amis de passage qui font une halte pour s'y désaltérer.... et puis bien sûr beaucoup de rainettes et de petites grenouilles rousses,  les poissons .... les plantes tout ce qui se retrouve à vivre autour, en particulier les oiseaux. ... C'est magique !

IMAG0070.JPG

Les planches, elles, 

sont encore stockées sous abri, tout près de la maison. L’Orme est un bois très apprécié en particulier pour l’ébénisterie. On en fait de superbes escaliers. Si vous êtes intéressé (e) par l’achat de ces planches, (environ 4 mètres cubes),  n’hésitez pas à me le faire savoir sur ce blog et je transmettrai à qui de droit. Offrir une deuxième vie au grand Ormeau, qui relèvera le défi ?


Les Ormeaux.             07.jpg
Chanson de Luc Romann.

Que les bergers
Rassemblent leurs troupeaux
Que les bergères
Fassent leurs yeux en pleurs
Qu’on mette en berne
Les couleurs des drapeaux
Pour les Ormeaux
Et tous les arbres qui meurent

Refrain :
Qu'il soit tout p'tit
Qu'il soit très grand
L'arbre est gentil
Il n'est jamais méchant (bis)
Aidez les !

Dans les forêts
Dans les vallées
Sur les coteaux
Ils étaient beaux
Dressés de tout leur cœur
C’était des rois
Avec des bras couverts d’oiseaux
Comme des croix
Ils n’ont plus que les os.

 

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5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 06:00
En 1981, naissait "Irulegiko Irratia", la première radio associative en langue Basque du Pays Basque intérieur.
Très vite, les "Amis de la Terre de Garazi -Garaziko Lurraren Adixkideak" créaient leur propre émission, qui a vécu quelques années.
A chaque édition, un couplet et le refrain de "Fatigué", la  chanson de Renaud l'annonçait et la clôturait. Nous avions choisi cette chanson  pour clamer notre immense tendresse pour les  arbres. Hein---? Comment----? Vous dites---- ? Oui, oui, je sais, Renaud ne la chante pas en Basque.  Bon, hé! Ca suffat comme ci---, il y a prescription! Et puis, faisez-en, vous, des chansons!
Ceci dit, nous étions déjà bien fatigués à l'époque. Cela n'a pu qu'empirer.
"Fatigué de chercher quelques traces d'amour dans l'océan de boue où sombre la pensée"---
Plus d'actualité que ça, tu meurs.

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1 novembre 2008 6 01 /11 /novembre /2008 10:25


Dans le monde où je vis, au début du  mois de Janvier, même les hommes sans tête apprennent aux petits garçons à planter le sapin de Noël.

Cela ne vous aura pas échappé; nous sommes aujourd'hui le 1er Novembre.
Je ne vais pas vous la faire romantique,  à la gloire des saisons automnale  et hivernale, toutes d'intériorité, de repli  sur soi palingénésique,  etc, etc. Je ne vous chanterai pas la douceur et le calme de la chanson du feu dans l'âtre tandis que les flammes lèchent les châtaignes  dans la poêle à trous, ni la folle poésie de  la nuit tombant sur un jour gris dans la colère du vent glacé qui s'acharne  sur la maison tapie au sol. Je ne vous dirai rien de la joie née de tout cela. Ce serait manquer singulièrement à la sincérité la plus élémentaire.
Non, non. Que nenni! Moi, j'aime le grand beau, la forte chaleur du matin, du midi, du soir, le jour qui n'en finit pas de s'éteindre dans la touffeur. Les journées courtes et le froid mordant me sont de dures épreuves physiques et morales dont la seule évocation commence à m'angoisser dès le 15 Août.
Pourtant, j'aime l'automne, plus qu'aucune autre saison. Et j' aime le mois de Novembre, plus qu'aucun autre mois. Pourquoi? Parce que ma fille est née en Novembre (j'en reparlerai le 25). Et aussi parce que l'automne est la saison par excellence pour planter des arbustes et des arbres, avec, en particulier cette date de la Sainte Catherine, où "tout bois prend racine". 
Je n'aurais peut-être pas écrit ces lignes ci-dessus si un ami, il y a quelques semaines, ne m'avait "avoué" pour lui-même ce que je vous dis là, me libérant ainsi de ce que je croyais être ma grande solitude, ce besoin vital et obsessionnel que j'ai depuis mon enfance la plus tendre  de  sauver des arbres, d'en planter, (jusqu'à aller aux alentours de mes dix ans---il y a prescription---- en planter la nuit  et en grand secret dans les jardins de voisins!), d'en multiplier, d'en distribuer, de faire naître et croître  des forêts sur la Terre, dans les  têtes et dans les coeurs . "Il peut y avoir toute une forêt dans un aboiement de renard" Jean Giono."Il faut reboiser l'âme humaine". Julos Beaucarne.
Alors, pour ce deuxième automne de mon blog, je ferai comme en Novembre 2007, je consacrerai  ce mois de Novembre en très grande partie à la gloire de l'arbre et de la forêt, plus encore---- à l'immense joie de planter des arbres.
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13 octobre 2008 1 13 /10 /octobre /2008 16:00

Aujourdh'ui, sous couvert de sauvegarde de la biodiversité, on ressent parfois, même hélas chez les défenseurs de la nature, un certain mépris  pour la forêt. Certains de ceux qui se prétendent protecteurs de la nature n'auraient-ils pas peur d'elle, comme l'a pointé du doigt François Terrasson? http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Terrasson

On sent poindre, y compris dans de doctes publications naturalistes,  une sorte  de crainte pour le paysage qui se "referme " (?!) quand la forêt reprend ses droits par ci ou par là.  Cet état d'esprit est déplorable.

J'aime à me répéter cette phrase de Robert Hainard 

"La forêt est la formation reine, dominante, celle dont l'étendue devrait naturellement être la plus grande, celle qui s'établirait partout, sauf conditions limitatives ou exceptionnelles".

http://www.hainard.ch/

 

  François Terrasson et Robert Hainard, merci de nous avoir éclairés.

Forêt, manteau de la terre, si tu savais comme je t' aime!


Chambéry, 27 au 31 octobre 2008

Le WWF France, Réserves Naturelles de France (RNF), le Cemagref, le Réseau Ecologique Forestier Rhônes-Alpes (REFORA) et le comité Man and Biosphere France (MAB France) organisent, du 27 au 31 octobre 2008 à Chambéry, le colloque Biodiversité, Naturalité, Humanité - Pour inspirer la gestion des forêts.

Evènements associés

Un ensemble de manifestations artistiques et culturelles va se dérouler autour du colloque

Le colloque, par ces nombreux à-côtés, souhaite à la fois s'ouvrir sur la société et faire une place particulière aux arts et à la pensée sur la nature sauvage tant sous la forme d’hommages variés à l’œuvre de Robert Hainard que de performances de jeunes artistes contemporains ou de grandes soirées-débats publiques :

Télécharger le programme des évènements artistiques et culturels associés au colloque.

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27 août 2008 3 27 /08 /août /2008 06:00
"Il ya longtemps, les arbres étaient des gens comme nous".
Jacques Prévert.



Forest Love

Si après ça, vous ne vous décidez pas enfin à courir porter votre tronçonneuse à la déchèterie (si, c'est comme ça que cela s'écrit, dixit l'académie française), c'est décidé, je ne vous adresse plus jamais la parole!



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