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30 janvier 2014 4 30 /01 /janvier /2014 11:03
La photo est d'Arnaud Baumann.

La photo est d'Arnaud Baumann.

 

Pour les habitants de Paris comme pour ceux qui viennent d'ailleurs, le Jardin des Plantes est un lieu où il y a des bêtes pas de chez nous qu'on vient regarder le dernier dimanche du mois, celui où l'on n'a plus de quoi payer l'essence pour aller jusqu'à la mer et en revenir. C'est réduire le Jardin à la seule ménagerie, qui nen occupe qu'une petite partie.
Tout gosse, j'aimais les bêtes. Comme tous les gosses, oui. Moi, plus. J'allais les voir. Au Jardin des Plantes. Au zoo de Vincennes. Tout ça était à portée de vélo. J'y prenais moins de plaisir que je m'en étais promis. Une tristesse me minait. J'ai fini par comprendre : la grille. Il y avait toujours une grille entre le lion et moi, entre moi et l'éléphant. La grille barrait tout. M'étant dit cela, je ne vis plus quelle. Et je me rendais compte que l'animal aussi ne voyait qu'elle. L'espace, pour lui, s'arrêtait là. Deux pas à gauche, deux pas à droite, deux en arrière, mais plus petits. Tristesse, tristesse, écrasante tristesse suintant des cages. Désespérante tristesse de ces corps magnifiques aveulis, de ces muscles qui ne bondissent jamais, de ces regards qui ne comprennent pas. J'ai cessé d'aller les voir.
C'est plus tard que j'ai su que le Jardin des Plantes était avant tout un jardin avec des plantes dedans. J'ai découvert les serres, le labyrinthe qui nen est pas un, la gloriette tout en haut, le jardin alpin... Le Jardin m'attira davantage que n'importe quel autre îlot de verdure dans Paris, plus même que le Luxembourg où, pourtant, Marius rencontra Cosette. Ces strictes géométries à la française , ces longues avenues d'ombre, ces studieux parterres de fleurs, cet invraisemblable silence parlaient à mon coeur, va savoir pourquoi. Peut-être aussi ce parfum tenace de désuétude, ces pierres rongées, tellement dix-huitième siècle ! Buffon y traînait ses souliers à boucles dans la poussière des allées, Jussieu arrosait son cèdre... Moi, j'y venais manger un sandwich sur un banc après avoir bouclé Hara Kiri ou Charlie Hebdo voire les deux ensemble.
Il m'arriva d'avoir à faire je ne sais quel reportage sur, justement, la ménagerie. Je n'y étais plus guère retourné depuis mes galopinades d'antan, je n'y allais pas de bon coeur. Ce devait être, il me semble, dans les années soixante-dix. Je m'en revenais quand, au beau milieu d'un vaste rond-point, elle m'apparut soudain dans toute sa gloire. Rousse intensément, vaste comme l'Univers, vautrée dans la paille en impératrice du monde, écartelée des quatre membres, sur son ventre immense une autre rousseur, son petit, agrippé à pleins poils à ses mamelles gonflées et dardant sur moi des yeux noirs plus qu'humains, c'était la féminité même, l'éclatant triomphe du principe femelle. Elle avait son petit, elle se savait belle, elle nous toisait de haut, nous la foule. La vitre tout autour, elle l'ignorait. C'était fatal: je suis tombé amoureux d'une dame orang-outan.
Je suis revenu la voir. Elle me fascinait. Je la trouvais immuablement dans la même hautaine posture. Affalée, nonchalante, grande ouverte. Souveraine. Toujours son petit aux yeux trop grands soudé à son ventre magnifique. J'appris son nom : Nénette. Je vous jure ! Capturée à Bornéo. Je suppose que dans un zoo new-yorkais on l'aurait appelée Honey, ou Sweetie. Elle s'en foutait. Elle avait fini par me remarquer. Me reconnaître. Elle esquissait un bref sourire, la tête renversée sur la nuque, un bras en l'air, le poing nonchalamment serré autour d'une de ces grosses cordes qui jouaient les lianes de la jungle. J'appris que les orang-outan (Faut-il un s au pluriel? Deux?) ne cessent jamais de se tenir à une liane ou à une branche, ne serait-ce que d'une main. Je regardais fonctionner les mains de ses pieds, délicates merveilles semblant agir pour leur propre compte, toutes rosés en dedans avec de ces lignes qui disent l'avenir.
La vie, vous savez... Je n'oubliai pas la belle captive. Mais je la vis moins, puis plus du tout. Je me le reprochais. Il y a quelque temps, à propos de je ne sais plus quoi, je mentionnai la splendide rousse du Jardin des Plantes. La petite Virginie courut la voir. Elle me dit : II y en a quatre, maintenant! Et Nénette? Elle est toujours là.
J'ai revu Nénette, puisque Nénette il y a. Elle n'était plus majestueusement seule. Il lui fallait partager l'espace. Elle étalait sa gloire flamboyante dans un angle, la paille autour d'elle comme un soleil. Sur son ventre, blotti en grande détresse, son dernier-né, Dayou, on m'a dit son nom. Déjà un grand garçon, mais mal portant, cramponné à sa mère, à ce bloc de vie. M'a-t-elle reconnu? Je suis tout blanc, maintenant.
J'appris les noms des autres: Tubo, encore un fils de Nénette (celui que je lui ai connu ?), et Wattana, fille prodige aux yeux avides d'apprendre, qui sait faire des noeuds (elles sont, paraît-il, deux au monde à en être capables), invente des jeux et vous met mal à l'aise par cette question qu'elle semble à tout moment vous poser, lèvres serrées sur un mince sourire.
Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce que le petit Dayou vient de mourir. Il avait huit ans. Les amis des orang-outan le voyaient décliner depuis pas mal de temps. Négligence ? Les orang-outan sont les chouchous des soigneurs. Lacune vétérinaire? La question est posée. Toujours est-il que Tubo, grand frère de Dayou, n'a pas l'air très vaillant lui non plus. C'est le plus beau de tous.
Une chose est certaine. La place d'un orang-outan n'est pas derrière une vitre ou les barreaux d'une cage, aussi dorée soit-elle. Mais c'est le seul moyen pour que les enfants aient l'occasion de voir des animaux ! Non ! Les animaux ne sont pas faits (pour autant qu'ils aient été faits !) dans un dessein éducatif. Savoir qu'il y a quelque part des hardes d'éléphants, de buffles, de girafes (hardes de girafes ?) parcourant des savanes sans fin, même si je ne dois jamais les voir, me remplit d'une joie intense. Et d'abord, aujourd'hui, on a la télé. Jamais aucun safari (encore moins aucun zoo!) ne nous fera voir les animaux aussi intimement, aussi magnifiquement que les reportages faits par des gars qu'on n'admirera jamais assez.
Mais c'est le seul moyen pour conserver des spécimens, maintenant qu'on sait que toutes les espèces sauvages vont disparaître l'une après l'autre, c'est le progrès, que voulez-vous, et en plus avec le carburant vert et la déforestation...
Non et non ! Si des masochistes à bonne conscience peuvent trouver leur compte à contempler des êtres vivants prisonniers en se disant que ce sont les derniers, que tous les autres ont été massacrés, connement, méthodiquement, si vraiment il existe de pauvres ... que de tels spectacles puissent réjouir, qu'ils ne comptent pas sur moi pour les y encourager.
À bas les zoos ! Aussi modernes , aussi perfectionnés soient-ils, ce sont des prisons, des bagnes, des lieux d'infinie tristesse. À bas les ménageries, à bas les cirques, surtout itinérants ! À bas le dressage, à bas le domptage, à bas les spectacles d'animaux savants !
Arrêtez de faire chier les bêtes. Laissez les bêtes sauvages là où elles sont, c'est-à-dire chez elles. Contentez-vous de dévorer vos animaux d'élevage, et, s'il vous plaît, en les faisant souffrir le moins possible. À bas le foie gras !
C'est ça, ricanez. Rotez un bon coup et emmenez votre gosse voir les singes qui sont si laids avant d'aller éparpiller un peu de plomb sur des faisans d'élevage. Mais ne lisez pas ce journal, sale con de chasseur !
En attendant, gens du Jardin des Plantes, occupez-vous de Tubo, sans quoi il va y passer, comme son frère.

Cavanna
Charlie Hebdo n 801 mercredi 24 octobre 2007

 

 

 

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27 mai 2013 1 27 /05 /mai /2013 16:14

Georges a rejoint le chanteur basque Imanol au paradis des musiciens.

Une contribution de Daniel Labeyrie

 

Humblement

 

         Humblement, il est parti, l'homme à la voix douce, l'homme libre qui toujours chérit la liberté et qui croqua le bonheur en étreintes sensuelles, parti du côté de la Méditerranée où la mémoire des vagues se souvient toujours des belles âmes.

 

         Le pâtre grec , cheveux tressés d'étoiles, maintenant tutoie les anges dans cet ailleurs que toujours les humains dessinent dans leur imaginaire.

 

         Monsieur Moustaki, vous avez cultivé l'art de la nonchalance  active en prenant votre temps pour coudre des refrains simples et profonds sans jamais frayer avec les vendeurs de vent. Chez vous soufflait un vent ou plutôt une brise de fraternité qui s'insinuait dans vos ballades dans un bel esprit d'universalité et de tolérance.

 

         Votre voix caressante jamais n'usa de l'invective mais le bel idéal de liberté était bien accroché à vos sandales de vagabond universel. Les frontières chez vous n'avaient pas la moindre réalité : de la Lusitanie au Brésil en passant par la Grèce et l'Espagne, la chanson naviguait allègrement toutes voiles dehors au son de la guitare et autres cordes sensibles.

 

         Monsieur Moustaki, vous n'avez jamais démérité, déclarant l'état de bonheur permanent même si les mercenaires cultivent toujours leurs champs de guerre aux quatre coins de la planète.

 

         Du petit garçon d'Alexandrie au baladin fauché de Paris, de l'homme à la moto à l'éternel amoureux, du saltimbanque lettré à l'amant du soleil, votre guitare s'est tue mais votre voix demeure en nous, bienveillante et bienfaisante.

 

         Monsieur Moustaki, merci !

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14 mai 2013 2 14 /05 /mai /2013 16:53
A Guanes Etchegaray

Une contribution de Piarres Erdozaintzi.

 

Guanes,

 

Ta présence désormais se conjuguera au passé.

Tu nous manqueras cruellement.

Tu étais un artiste à facettes multiples, intelligent, cultivé et ouvert.

Pleinement engagé dans la sculpture  et la peinture, tu t’adonnais aussi à la percussion dans une formation musicale.

Ton art était ta raison de vivre, ton incessant cheminement vers la sagesse, la tâche à accomplir sans concession.

Le respect de l’autre, de la vie en général te caractérisait. Ainsi, tu as sans doute, pour l’essentiel travaillé sur des matériaux de récupération que tu recueillais au hasard de tes parcours. Matières diverses et variées des plus durables( bois, roche , métal) aux plus éphémères ( plastique, carton, corde) que tu savais façonner, assembler , colorer admirablement et aussi soumettre parfois à l’épreuve du feu. Ta peinture si subtile dans sa tendance figurative se dégage volontiers de la réalité pour la recréer et s’engage aussi audacieusement dans des compositions plus abstraites, originales d’une profonde sensibilité personnelle. Outre des fonds de pots qui constituaient souvent tes palettes enrichies de pigments naturels dont tu connaissais l’usage, tes palettes elles-mêmes constituaient par le hasard de la juxtaposition des couleurs, la trame d’une œuvre nouvelle.

Guanes, pour ton œuvre, ta sincérité, ta générosité d’artiste, ta grandeur et ton humanité, merci infiniment.

 

Piarres Erdozaintzi.

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26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 17:26

Gérard Garat, à gauche, avec Sabalette et Beheretche dans les années 60. (Photo archives Jean Velez)

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L’élite sportive du village basque sur la mer a dû aller chanter dans une église pleine à craquer pour accompagner le retour aux cieux de l’une de ses plus belles étoiles : le pilotari Gérard Garat.

Si aujourd’hui le surf est en vogue tandis que le rugby poursuit son bonhomme de chemin, le grand chistera était, voici un demi-siècle, le jeu qui remplissait les gradins d’Hendaye à Biarritz, et en particulier à Bidart et Guéthary. Et Gérard Garat, en équipe avec d’autres maestros du terroir, accumula les titres de champion de France dans les années 60 et 70, aussi bien chez les cadets-juniors que chez les seniors.


Son épouse Elisabeth évoque en souriant ses innombrables victoires : « Un jour, la fédération en a eu marre de voir toujours Gérard, Pierre Jaccachoury, Jacques Sabalette et Billy Beheretche champions chez les amateurs, et leur a dit qu’on ne voulait plus d’eux, qu’ils aillent s’inscrire chez les indépendants ». Pierre Jaccachoury, qui deviendra plus tard maire de Bidart, déclina l’invitation, mais Gérard Garat se fit un plaisir d’aller relever les défis chez ceux qui avaient le droit de gagner quelques francs en maniant le grand gant.

Après le brutal décès accidentel de Billy Beheretche, rugbyman-pilotari, en 1971, Gérard Garat prit quelque distance avec le sport. Pas longtemps. Il repartit sur les canchas avec le même appétit de victoire, fit longtemps équipe avec le Luzien Jean-Pierre Miura. Gelos, Hiriarte, Bedere eurent aussi la joie de partager des titres nationaux avec celui qu’on n’hésitait pas à qualifier de meilleur spécialiste du grand chistera de tous les temps.

67 ans cette semaine

Modeste et discret, cultivant l’amitié et l’esprit de famille, le champion fit en sorte de passer le témoin, et à Elissaldia, le restaurant-bar-trinquet du village, où sa photo est en bonne place dans la pièce principale, la famille Exposito n’oubliera jamais que si le fils de la maison est devenu un grand joueur, c’est grâce à Gérard. Et que ce même Gérard s’est pudiquement effacé pour que le grand-père de la maisonnée, très malade, aille accompagner le « petit » pour la remise du titre.

Aujourd’hui, la Kostakoak, son club de toujours, le club de Bidart, continue à former les meilleurs jeunes de grand gant. La discipline naguère populaire est désormais plus confidentielle, même si l’été les vacanciers raffolent des envolées. Nous l’avons dit, chacun s’accorde à dire qu’à ce jeu Gérard Garat était invincible. « La seule partie qu’il ait perdue, c’est celle que nous perdons tous, contre la maladie » disaient ses amis, dimanche dernier, au match de rugby du BUC. Gérard Garat aurait eu 67 ans cette semaine.

 

François Trasbot

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 19:02

avec quelques autres avant toi (Chiquito de Cambo) http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Apesteguy

et après toi,( Waltari) http://www.lemonde.fr/sport/article/2010/10/07/waltari-le-pelotari-cubain-qui-a-conquis-le-pays-basque_1421896_3242.html

 

a fait bouger les lignes.

 

 

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A l'époque, j'avais 14 ans et je vivais à Paris, je m'appelais Geneviève, choix de mon papa. Moi, si l'on m'avait demandé mon avis, j'aurais opté pour le choix de maman, Sylvie, la Sylve originelle, la grande forêt, enfin, bon,, la nature, quoi! Oihan, Oihantxo, Oihana!

 

Cet après-midi, j'avais un rendez-vous chez un médecin, et, dans la salle d'attente, je suis tombée sur cet article de la revue "Pilota", en date d'Octobre 2012.

 

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Au revoir, Battitta. Ikus arte!

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18 décembre 2011 7 18 /12 /décembre /2011 12:35

 

 

 

 

 

 

         Pieds nus, les scènes des quatre vents du monde vous portaient, la voix râpeuse et légère comme brise atlantique. Sans vous, les Îles du Cap Vert ne seraient que tas de rochers inconnus, terre de misère et d'exil.

 

         Vous fûtes la grande voix de ce petit archipel balayé par les vents, vos «  mornas » nous ont bercés sous écrin de guitares et de cavaquinhos.

De pays en pays, vous portiez dans votre humble dignité ces beaux chants de l'âme teintés de cette nostalgie subtile que l'on nomme chez vous

 «  sodade ».

 

         Vous n'avez jamais cultivé l'arrogance des stars, vous chantiez simplement le cœur à nu , avec cette générosité qui sied aux êtres qui ont connu les mauvais coups du sort.

 

         Votre cœur vous a lâchée, triste destin, mais vous étiez sur votre terre natale lorsque la camarde vous a fait signe.

 

         Votre mission est accomplie mais longtemps, longtemps, longtemps, madame, votre voix va résonner dans nos mémoires...

 

         Obrigado Cesaria...

 

 

Daniel Labeyrie

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 23:12

Avec tout mon amour.

 

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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 10:38

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/af/Wangari_Maathai_portrait_by_Martin_Rowe.jpg

 

http://jenolekolo.over-blog.com/article-21479109.html

 

NAIROBI (AFP) - La Kényane Wangari Maathai, prix Nobel de la Paix, dont le combat en faveur de l'environnement et du droit des femmes lui a valu la reconnaissance internationale et la sympathie de ses compatriotes, est décédée dimanche à 71 ans des suites d'un cancer.

"C'est avec une immense tristesse que la famille du Pr Wangari Maathai annonce son décès survenu le 25 septembre 2011 après un long et courageux combat contre le cancer", a annoncé sur son site internet le Green Belt Movement ("Mouvement de la ceinture verte"), le mouvement de lutte contre la déforestation qu'elle avait créé en 1977.

En 2004, la militante s'était vue attribuer le prix Nobel de la paix pour son action en ce domaine, devenant ainsi la première femme africaine à recevoir cette récompense.

Son mouvement vise à promouvoir la biodiversité tout en créant des emplois pour les femmes et en valorisant leur image dans la société, et revendique avoir planté 47 millions d'arbres sur le continent.

"Je ressens de façon personnelle cette disparition, elle était extrêmement efficace dans sa croisade pour le respect de l'environnement", a commenté Nnimmo Bassey, président des Amis de la Terre International et directeur exécutif de l'organisation nigériane Action pour les droits de l'environnement.

"Elle a affronté les pouvoirs politiques en place et elle a montré un engagement permanent pour la protection des arbres en Afrique. C'est quelque chose qui ne doit pas s'arrêter avec sa disparition".

Wangari Maathai avait collectionné les honneurs depuis son Prix Nobel de la paix. Elle avait encore été nommée messagère de la paix pour les Nations unies en 2009.

Mais elle était restée également très populaire auprès des Kényans ordinaires, qui commentaient d'abondance lundi dans la rue ou dans les transports publics sa disparition, unanimement ressentie comme "une triste nouvelle".

"Héroïne kényane"

Wangari Maathai était "née dans un petit village ... mais elle est parvenue à laisser sa marque sur la scène internationale", pouvait-on lire parmi les commentaires laissés sur une page Facebook ouverte à sa mémoire. Elle était "la plus importante des militants pour l'environnement au Kenya. Elle a servi son pays avec diligence", ajoutait un autre internaute.

Ni le gouvernement ni le président du Kenya n'avaient réagi à sa mort lundi à la mi-journée, mais une association, "Les Kikuyus pour le changement", a appelé à un deuil de sept jours "pour rendre hommage à une héroïne kényane, qui a agi sur la scène internationale et fait honneur au Kenya et à l'Afrique".

Première lauréate d'un doctorat en Afrique centrale et de l'Est, diplômée de biologie aux Etats-Unis grâce à une bourse, Wangari Maathai avait été également à la pointe du combat contre l'autoritarisme du régime de l'ancien président Daniel Arap Moi dans les années 80 et 90, ce qui lui avait valu plusieurs passages à tabac et incarcérations.

Après l'avènement du multipartisme, et l'espoir populaire soulevé par l'élection de Mwai Kibaki en 2002, elle avait été secrétaire d'Etat à l'environnement de 2003 à 2005, mais avait tiré un bilan plutôt amer de cette expérience au pouvoir.

Elle avait depuis élargi au delà du Kenya son combat pour l'environnement et les droits humains. Elle avait été nommée en 2005 ambassadrice pour la sauvegarde de la forêt du Bassin du Congo en Afrique centrale, deuxième massif forestier tropical au monde.

Wangari Maathai avait été nommée en 2010 administratice de la Fondation pour l'éducation à l'environnement de la Karura Forest, une forêt de la banlieue nord de Nairobi dont elle avait obtenu la sauvegarde au terme d'un de ses combats les plus emblématiques menés au Kenya.

© 2011 AFP


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19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 07:09

 

 

 

 

Une contribution de Daniel Labeyrie.

            Avec la grâce et la légèreté des premières feuilles mortes de septembre, vous avez mis le cap  sur les champs d'étoiles de l'éternité.

            Saint-Germain- des-Prés, dans un frisson d'ailes et de silence, a perdu la longue dame blanche qui , dans sa voix , porta le chant essentiel des poètes sans jamais succomber aux sirènes de la  facilité.

            Ala fois tendre ou mutine, espiègle ou grave, vous transcendiez les vers posés sur le papier leur donnant l'envergure  d'un vol d'hirondelles sur la page immense de l'azur.

            Ainsi va le monde, les temps saignent, les grandes voix comme la vôtre se taisent et nous sur le quai, face à l'océan, regardons s'éloigner, peu à peu, votre vaisseau blanc chargé de la beauté de ce supplément d'âme qui rend l'existence supportable.

            Nos souvenirs demeurent  à terre avec une humble cargaison de petits bonheurs déposés au fil des ans sur les rayons de l'armoire secrète d'où s'envolera l'oiseau -lyre de Prévert à la faveur d'un rayon de soleil.

            Et voilà qu'il se met à pleuvoir dans un petit square parisien : deux escargots ravis s'invitent sur une feuille morte, un enfant, pas plus haut que sept pommes, se met à chanter une comptine coquine pour les deux gastéropodes étonnés.

            Quand le soir descendra, à pattes de velours, sur les toits de la Butte de Montmartre, louvrons discrètement les yeux , la chanson des feuilles mortes s'invitera dans un ballet improvisé au-dessus du bitume d'un trottoir mouillé et deux amoureux s'arrêteront, charmés par cette aubaine ordinaire.

            Madame, reposez tranquille dans les lointains de l'au-delà, que votre envol dans les cieux d'éternité ait la douceur du velours de votre voix posée sur trois petites notes de musique;

∑∑∑∑

Daniel Labeyrie

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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 07:00

 

 

Une contribution de Daniel Labeyrie.

CIAO KRAKO

http://www2.vo.lu/homepages/fce/GKFACE.GIF

 

          Eh bien , Georges, alors comme ça, tu t'es fais la malle , sans nous prévenir,  juste au seuil de l'été, sans tambours ni trompettes; d'ailleurs les trompettes , les chants de guerre et autre Marseillaise, ce n'était pas ta tasse de thé.

            Sacré Krako, tu nous en as fait donner des coups de pédale, de Paris à Athènes, de Paris à Assise mais c'était pour la bonne cause. Nous les cyclistes hirsutes et burinés, avec la fougue de notre jeunesse, nous avons reconnu  tout de suite en toi , un être intègre,  au-dessus de tout soupçon, un pèlerin des espérances folles. Pourtant , tu avais horreur du vélo disais-tu, mais cela je ne le crois qu'à moitié.

            La paix , tu l'as défendue , les mains nues, tel un samouraï avec une noblesse et une rectitude rares. Jamais au grand jamais tu n'as pactisé avec un parti, une ligue, une chapelle, un clan.

            Sec comme un ascète, tu ressemblais à ces statues grecques d'un autre temps mais tu ne dédaignais pas compter fleurette dans la torpeur des champs de lavande ou sur l'herbe fraîche des vergers d'Italie. Te nourrissant de fruits et de fromage de chèvre , tu parcourais des kilomètres et des kilomètres, l'allure juvénile, le nez et la barbe au vent , déterminé sur ton chemin de liberté.

            Tu cultivais la vie libre sans carcans ni tabous , pratiquant un  naturisme de bon aloi, dans le respect de la vie sous toutes ses formes, offrant ton corps au dieu solaire dans une admirable simplicité.

            Oui, Krako, tu étais un homme debout, détestant les marchands de canon, les molosses habillés en faucons, les prêcheurs de guerre, les pouvoirs politiques, ecclésiastiques ou sectaires , bref les manipulateurs de tout poil qui envoient facilement les autres au champ d'horreur.

            Si au soir de ta vie, tes combats te paraissaient vains, non , vraiment , tu n'as pas démérité, ta vie fut exemplaire, tu étais un humaniste de la même trempe qu'un Gandhi, qu'un Vinobà, qu'un Lanza del Vasto, qu'un Monod.  Tu es parti comme un pacifiste, inconnu du grand public mais digne dans ta solitude de haut vol.

            Ton petit drapeau vert  flottant sur le guidon de ton vélo pouvait paraître dérisoire, voire enfantin mais il avait la couleur chaude de ton combat, petite arme d'espérance sur l'acier glacial des armes des fauteurs de guerre.

             Georges, tu étais un beau citoyen du monde , un universaliste , un passeur de fraternité, un pourfendeur de frontières, un noble chevalier de la paix.

            Krako, je sais que cet hommage , un peu tardif , te laissera de marbre mais que nenni, je te devais bien ces quelques fleurs , bouquet de souvenirs glanés sur les routes d'Italie et de Grèce où enveloppée dans un ciel d'étoiles, notre horde vélocipédique cultivait le bonheur sous le regard débonnaire d'un berger facétieux.

Daniel Labeyrie

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