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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 13:00

L'article ci-dessous était prêt depuis quelques jours. Je pensais attendre encore un peu  pour le publier.

Mais aujourd'hui, à 14 heures, commencera la cérémonie des obsèques de Francine Comte.

En guise d'adieu et d'hommage, je programme donc ce texte aujourd'hui, pour cette heure là, avec une pensée très chaleureuse pour Alain Lipietz et toute la famille de Francine. C'est peut-être très prétentieux, mais je suis certaine que cet article l'aurait touchée.

 



Vous, je ne sais pas. Moi, ces ressassements médiatiques au sujet de Jacques Mesrine qui apparaissent, disparaissent et réapparaissent depuis sa mort avec la même régularité que le déroulement des saisons, ça me fatigue. Et cet automne, avec la sortie du film, c'est le pompon. N'en jetez plus, la cour est pleine.Que l'on ne se méprenne pas! Je n'ai jamais approuvé et désapprouverai toujours la façon dont cet homme a été abattu sans sommations par la police.   Il n'empêche que le personnage n'était tout de même pas extrêmement sympathique et que j'ai bien du mal à comprendre ses motivations. Quand le bruit autour de lui se fait trop fort, je ne peux m'empêcher de repenser à Albertine Sarrazin, singulièrement oubliée, elle, des cinéastes, des écrivains, sociologues, politologues, journalistes, militants(es) féministes, j'en passe et des meilleurs.

Avec Albertine je me sens en fraternité, en sororité, enfin, appelez ça comme vous voulez. Pourquoi elle? Peut-être en premier parce qu'il s'agit d'une femme. Peut-être ensuite parce que j'avais 14 ans quand elle a trouvé la mort dans une clinique  et qu'à cet âge là, on est une éponge. Peut-être aussi parce que les écrivains sont parmi les artistes, les passeurs qui me sont le plus indispensables et qu'Albertine s'est révélée être un véritable écrivain, ou une véritable écrivaine, ou une femme de lettres (là encore, à vous de choisir). J'ai dévoré ses livres, au sens premier du terme, c'est à dire que je m'en suis véritablement nourrie.

Je ne sais pas si l'on peut considérer qu'une injustice est plus ou moins grave qu'une autre, mais je constate que nul ne parle plus aujourd'hui de la  véritable injustice que fut la mort de cette femme âgée de 29 ans. Dans l'article que je recopie ci-dessous, il est fait mention du procès engagé par Julien Sarrazin, son mari, contre les responsables de la mort d'Albertine. Etrangement encore, c'est oublier  ou occulter  le fait que Julien n'était pas seul dans cette bataille. En 1967, un très important mouvement de solidarité avait vu le jour, en particulier autour du  "Canard enchaîné". Qui s'en souvient aujourd'hui? Si je peux vous en parler, c'est parce que mon père, grand lecteur du "Canard", s'était associé à ce mouvement et que je l'entends encore en parler à table. Une grande suspicion régnait, qui prenait parfois la forme d'accusations. Les médecins de la clinique n'avaient-ils pas inconsciemment quelque peu  négligé cette patiente, qui, célèbre ou non, n'était après tout --- qu'une ancienne prostituée, une ancienne voleuse, une ancienne taularde, l'épouse d'un ancien taulard?

 Je n'ai pas oublié. Mon père m'a transmis sa colère à laquelle sont  venues s'ajouter depuis, compassion et surtout tendresse pour la personne d'Albertine ainsi qu'une grande admiration pour son oeuvre littéraire. Je suis heureuse de pouvoir ici, bien modestement, lui rendre hommage.


Deux citations d'Albertine Sarrazin  qui m'ont particulièrement marquée :

"Je pense à ces imbéciles de vacanciers qui s'obstinent à pourchasser un Râ malade, au lieu de changer tout simplement d'itinéraire vers des pays où la pluie est seyante."
"Quelle tristesse d'être obligée de se distraire!".

 

Albertine Sarrazin (17 septembre 1937, Alger – 10 juillet 1967, Montpellier) fut une écrivaine, première femme à raconter sa vie de prostituée et de délinquante.

Sources :

http://montpellier.pas.free.fr/articles.php?lng=fr&pg=103


ALBERTINE SARRAZIN (1937-1967)

Le souvenir d'Albertine Sarrazin reste intact dans la région du Pic St Loup, près de Montpellier, plus de trente ans après sa disparition.
Jeune femme hors du commun, exemple de rage de vivre et de liberté pour des générations, son parcours lui a valu une renommée mondiale.

Née à Alger en 1937, elle est déposée à l'assistance publique où elle reçoit le nom d'Albertine Damien. Adoptée par un médecin colonel (son père biologique qui avait ordonné quelques mois plus tôt à la petite bonne de 15 ans qu'il avait engrossée, de l'abandonner, Note de la blogueuse) et son épouse (qui ignore cette filiation, encore note de la blogueuse), la famille quitte Alger pour s'installer à Aix-en-Provence.
L'enfance d'Albertine n'est que souffrance et humiliations : l'assistance publique, un viol à 10 ans par un membre de sa famille adoptive, un conflit permanent avec ses parents. Son caractère va s'affirmer par réaction et elle dénigrera par la suite avec force les conventions et cette société qui l'a si mal lotie.
Albertine se révèle toutefois très douée pour les études. Ses matières de prédilection sont les matières artistiques et principalement la littérature. Dès l'âge de 14 ans elle tient un journal qu'elle continuera pratiquement jusqu'à sa mort et qui sera par la suite publié.
Mais son caractère indomptable et les difficiles de relations avec ses parents  la conduisent dans une maison d'éducation surveillée : le Bon Pasteur à Marseille. Elle s'en évadera le jour de son oral du bac pour se rendre à Paris.
Commence alors pour elle une vie clandestine peu recommandable. Car, même si elle en profite pour satisfaire ses goûts artistiques en visitant les musées et en lisant énormément, elle fait la douloureuse expérience de la prostitution. Et en 1953, un hold-up manqué l'envoie en prison à Fresnes puis à la prison-école de Doullens où elle est transférée en 1956.
C'est en s'évadant de cette prison, le 19 avril 1957, en sautant d'un rempart de 10 mètres, qu'Albertine se casse l'astragale.
Un homme passe, la recueille et la soigne : c'est Julien Sarrazin, qui deviendra son mari deux ans plus tard.
Pour eux, commence alors une longue période d'aventures diverses et de cambriolages. Ils vont d'arrestations en évasions, se croisant mais ne se retrouvant presque jamais. Si leurs corps et leur santé s'affaiblissent (grave accident de voiture en 1961 suivi d'une opération en 1963 pour Albertine) leur amour, lui, va grandissant. Il sera d'ailleurs à l'origine d'une correspondance qui prendra dignement sa place dans la littérature épistolaire amoureuse.
Pendant ses séjours en prison, Albertine rédige ses deux premiers romans : La Cavale et L'Astragale.
En 1964 enfin, Albertine et Julien, libres, se retrouvent et s'installent dans une vieille maison des Cévennes.
Elle apprend dans la foulée que ses romans vont être publiés par l'éditeur Jean-Jacques Pauvert. Le succès est immédiat.
Adulée par ceux-là même qui l'avaient méprisée, elle est traduite dans toutes les langues. On la sollicite, on la photographie, on lui demande des autographes. C'est sa revanche sur ses malheurs passés.
Sa singulière beauté, sa spiritualité, sa fantaisie sont appréciées et elle multiplie les interviews. Albertine est ravie de cette nouvelle gloire dont elle ne doutait pas et qu'elle attendait avec impatience ; même si elle n'est pas dupe, sachant reconnaître l'hypocrisie où elle se trouve, sachant que certains ne sont pas mus par l'admiration de son oeuvre mais bien par une curiosité malsaine. Qui est donc cette jeune femme au passé tumultueux et qui a passé la majeure partie de son existence en prison ?
1965. Albertine et Julien s'installent à Montpellier. Ils achètent l'Oratoire, un vieux mas situé aux Matelles, tout près de Montpellier. Ils s'y installeront en janvier 1967.
Entre temps, Albertine publie son troisième roman, La Traversière, ouvrage écrit en liberté contrairement aux deux autres. Là encore, c'est un franc succès.
Mais elle n'a guère le temps d'en profiter ; la malchance ne l'ayant pas quittée totalement, elle doit subir plusieurs opérations de l'astragale. Et de complications en erreurs et négligences médicales, Albertine, au sommet de sa gloire, succombe sur la table d'opération d'une clinique montpelliéraine le 10 juillet 1967. Julien intentera contre les médecins un procès qu'il gagnera.

Albertine était emplie d'une magnifique rage de vivre. Elle avait beaucoup de projets, en particulier l'adaptation au cinéma de L'Astragale. Son voeu a été réalisé, mais elle n'a pas eu le temps d'en jouir. Elle n'a jamais su que ses romans étaient naturellement entrés dans la littérature classique, qu'ils étaient étudiés en Faculté, qu'ils faisaient l'objet de sujets aux examens littéraires, que ses poèmes avaient été mis en chansons. Elle n'a jamais su non plus combien de thèses avaient été produites en France et à l'étranger à son sujet, combien de témoignages on trouve à sa mémoire : Julien a fondé une maison d'édition pour publier les inédits de sa femme. Montpellier a sa Maison pour tous Albertine Sarrazin. Les Matelles a donné à son foyer rural le nom d'Albertine Sarrazin. Et Valflaunès, petite commune voisine des Matelles, par l'organisation d'un concours de nouvelles, le Prix Albertine Sarrazin, participe chaque année à prolonger le souvenir de l'auteur.


 
 
Je vous conseille egalement  ce site :

http://www.albertine-sarrazin.fr/


 

 

 

 

 

 

 

 

 

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9 novembre 2008 7 09 /11 /novembre /2008 09:55
Pas du tout le moral depuis quelques  temps. Hier matin, j'ai décidé de laisser l'ordinateur débranché pendant quelques jours, de ne pas lire de journaux, de ne pas écouter la radio, le temps de remettre de l'ordre dans ma tête.
Et puis, tout à l'heure, brusquement, une drôle de pulsion, que je ne peux freiner. J'allume, je ne regarde pas la messagerie mais je fais un rapide tour des blogs des copains." Je commence par celui de Kolova et là, j'apprends la nouvelle :Francine Comte, femme, psychanaliste, écrivaine, militante Verte et compagne de l'Eurodéputé Alain Lipietz, a quitté ce monde. Elle nous a quittés.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Francine_Comte

Je me souviens--- il y a quatre ou cinq ans. Ma fille voulait absolument
  lire "Jocaste délivrée"
, sans doute pour, elle aussi, mettre un peu d'ordre dans sa tête où ça tournait pas mal. 

http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index.php?ean13=9782707120274

Nous avons appelé plusieurs libraires, nous avons appelé l'éditeur, nous avons cherché sur le web. Rien à faire, pas moyen de trouver un seul exemplaire. En quelques années, j'avais échangé deux ou trois courriels avec l'auteure. Cela me gênait vraiment de la solliciter, mais j'ai pris mon courage à deux mains et je me suis lancée, je l'ai appelée. Et pendant une heure et demi, j'ai eu cette joie de parler avec elle, de sentir, au bout du fil, cette bonté profonde dans le sens où Alain Lipietz emploie le  mot "bonne", le mot "bonté" dans l'hommage  que je me permets de reproduire ci-dessous. Il ne lui restait que trois exemplaires. Elle m'a proposé d'en envoyer un à ma fille, a refusé que je le lui retourne après lecture, ( que je le lui paye, n'en parlons même pas!). Nous le recevions dès le surlendemain, avec une émouvante dédicace.

Avant ce contact, j'avais lu et aimé plusieurs de ces livres. Depuis, je gardais, je garde et garderai, au fond de moi une vraie tendresse pour cette grande dame belle et généreuse.

Au revoir, Francine.

Et surtout, merci.

 

par Alain Lipietz | 7 novembre 2008


Elégie pour Francine Ségeste
Il fait froid dans cette pièce ils ont dit
Eteignez le chauffage on reviendra demain
Pour préparer le corps
Il fait froid je veux sur elle étendre son châle mais ce n’est plus la peine
Elle n’aura plus jamais froid
Cette couverture sur son corps de morte qu’on a mis
Achetée je ne sais plus où je ne sais plus quand
Et pourquoi je lui mettrais pas son châle
Trente-cinq ans qu’on l’a choisi ensemble
À Vézelay


Il va falloir que j’apprenne
Dire ce qui n’est plus la peine
Dire ce qu’il me faut garder
Comme un diamant dans un collier

Dire d’abord qu’elle était belle

Ses yeux ne mangent plus son visage
Ils sont refermés à jamais
Jamais plus ne m’y baignerai
Ces yeux d’océan ces yeux de rivière
Dire qu’elle n’eut pas toujours ce corps de Buchenwald
Qu’il m’a fallu pour six ans réapprendre à aimer
Apprivoiser comme une oiselle dont on sent les petits os sous les ailes
Le sourire qui ce soir éclaire ses joues creuses
Illuminait jadis un corps empli de grâces
Car Aphrodite d’Or mit sur son front la grâce
Le douloureux désir et le souci qui brise les membres
Son corps féminin qui tant est tendre
Ses seins son ventre faits pour l’amour
Corps de désir et de plaisir
Qui a quitté Seigneur ma couche pour la vôtre

Dire que ma main en caressant le sein
N’effacera plus les rides du souci

Dire qu’elle fut la bonté même
Qui fit supporter mon arrogance
Dire qu’elle s’est tant donnée aux autres
Qu’elle faillit en oublier ses vers
Oublier ses livres oublier ses tableaux
Dire que demain ceux-là qui l’ont connue
Ne garderont que sa bonté
Et que ceux qui ne l’ont pas connue
Ne connaîtront que ce qu’elle avait tu

Dire qu’il me faudra dorénavant vivre sans sa bonté
Dire qu’il faut imprimer encore un de ses livres

Dire qu’elle ne verra pas grandir
Ses si belles petites filles
Elle qui aimait tant ses garçons
M’a appris ce que c’était
Qu’une lignée de filles

Dire qu’elle fut l’intelligence
Et la circonspection et la précision
Et l’esprit de finesse de son mouvement de libération
Et que mère femme au foyer travailleuse en lutte lesbienne musulmane
Toutes les femmes sont diminuées par le départ de sa belle âme

Dire qu’il faudra se passer d’elle pour bâtir le monde qu’elle a chanté
Il arrive que la voix manque

Dire qu’elle était bonne mais pas conne
Dire qu’elle fut une révoltée
Que là où je comprenais les raisons
Elle préservait l’indignation

Dire que je suis dans cette maison
Qu’elle n’avait pas fini de ranger
Dire qu’il nous reste des photos
Qu’elle n’eut pas le temps de composer
Dire cette nuit que je ne sais pas
Pourquoi demain je me lèverai
Dire qu’elle m’a dit qu’il fallait que j’apprenne
À en aimer une autre qu’elle

La nuit s’étire
Dormirai-je avec elle
C’est sa chambre froide
C’était notre chambre
Ses lévres entr’ouvertes sourient encore plus fort
Bien sûr dormir avec elle
Avec toi toi mon amour toi
Encore au moins encore une fois

Notre vie maintenant réduite à ces détails
Symboles dérisoires que je respecte ou pas
Dérisoire dérision au sourire du Néant
Ça fait des années que je travaille sur Mallarmé
Pour me préparer à ce néant
Ça fait des mois que j’ai arrêté
Car tu voyais trop bien que ça parlait de toi
O ma Nush qui écrivais les poèmes de ta mort à ma place
Combien de jours encore
D’un corps tu n’as que faire
Du monde tu t’émerveilles
Nous ne vieillirons pas ensemble
Notre amour si léger prend le poids d’un supplice

Et ces mots écris par toi écris pour moi écris par d’autres écrits pour d’autres
Maintenant sont ma morphine mon skenan mon rivotril
Nous n’avons jamais su régler la perfusion
Je préférais te donner la becquée de ces bonbons
Vaporiser l’eau d’Evian dans ton palais séché
Et comme un goutte à goutte je consulte mes mails
Où coule la providence des messages d’amitiés
La tendresse que tu n’entendras plus qu’on m’adresse pour me consoler
Les larmes qu’on se partage dans ton immense réseau d’amis
Comme le ruisseau d’une oasis



Lecture libre des oeuvres de Francine: In Libro Veritas


 

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7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 06:00
Wangari Maathai rêve "qu'en replantant des millions d'arbres, on oriente l'Afrique vers la paix" - ici, le 29 mai 2008.

En lisant l' article du Monde ci-dessous, m'est revenue à l'esprit  cette phrase prononcée par Robert Morel, le héros du roman visionnaire de Romain Gary, "Les Racines du Ciel" (1954): http://www.romaingary.org/racinesduciel.php
"N'importe quel gars qui a connu la faim, la peur ou le travail forcé, commence à comprendre que la protection de la nature, ça le concerne directement".

Wangari Maathaï : "Je rêve qu'en replantant des millions d'arbres, on oriente l'Afrique vers la paix"

J'ai longtemps cru que le monde était une vallée de terre riche, dominée par les contreforts des monts Aberdore et au nord par le mont Kenya. Je pensais que les acacias au feuillage mince et dur, les torrents vivaces et purs où nous allions chercher l'eau étaient éternels. Et j'imaginais que les champs où ma mère me déposait, enfant, pour mieux ramasser le managu, ce légume vert sauvage qui accompagnait nos gâteaux de maïs, seraient toujours fertiles. A mes yeux, cette vallée du Rift où mon père travaillait dans la ferme d'un colon britannique était l'univers tout entier. Et cet univers avait la couleur des forêts. Il avait l'odeur des épices et du pyrèthre. Il avait aussi ses lois.

Après la seconde guerre mondiale, de nombreux soldats de l'armée britannique avaient été récompensés en recevant des terres dans les lointaines colonies. Les peuples indigènes, systématiquement évincés, avaient cependant droit à un petit lopin pour faire vivre leur famille lorsqu'ils acceptaient de travailler pour les Blancs. C'était le cas de mon père, venu des montagnes, et issu d'un peuple robuste, travailleur et, du fait du climat en altitude, insensible à la malaria. Toute sa vie, il a travaillé à Nakuru pour le même propriétaire blanc, M. Neylan, au point de le considérer avec déférence comme un ami. Je ne suis hélas pas certaine que M. Neylan pensait à mon père dans les mêmes termes...

De chez moi, on pouvait apercevoir les neiges du mont Kenya, à 5 000 mètres d'altitude. Il y en avait encore beaucoup à cette époque. Et mon peuple, les Kikuyu, respectueux de cette majesté qui émergeait parfois des nuages, considérait la montagne comme sacrée. Dieu, "Wanenaga", y habitait, disait-on avec respect. Mais la montagne n'abritait pas seulement "Wanenaga". Elle apportait aussi l'eau. Trois cents sources en jaillissaient, alimentant la plus large rivière du Kenya, la Gura. Il faut que vous imaginiez la puissance tumultueuse de ces flots, alors ! Le fracas des pierres qui roulaient ! La largeur impressionnante de la rivière ! Nous prenions l'eau aux sources. La nourriture était abondante, à portée de main, dans la nature si généreuse qui nous environnait. Je n'avais qu'une ou deux robes, nous n'avions pas l'électricité dans notre case, mais jamais nous ne nous sommes sentis pauvres.

Si je vous décris ces paysages, c'est parce qu'ils ont aujourd'hui disparu et que cette perte est une menace mortelle pour le Kenya, l'Afrique et peut-être le monde.

Un peu avant l'indépendance, en 1963, la classe politique kényane s'est attachée à former une nouvelle élite et a décidé, en association avec la fondation américaine Kennedy, l'envoi d'étudiants africains aux Etats-Unis. Ce fut ma chance. Très bonne élève d'une institution catholique de Nairobi, j'ai été sélectionnée et me suis envolée pour New York en 1960. J'en suis revenue six ans plus tard, bardée d'un diplôme de sciences et de biologie, et métamorphosée. J'avais acquis de l'assurance et la force de soulever des montagnes. Cela tombait bien. A mon retour, mon Kenya tant aimé était méconnaissable.

Les terres où vivaient mes parents avaient été réunies par le remembrement. Les talus et les buissons coupés. Les arbres avaient disparu. Les forêts de bambous épaisses et profondes, peuplées autrefois de singes columbus superbes avec leurs longs poils noir et blanc, avaient été brûlées pour dégager des terres cultivables.

A Nairobi, où j'enseignais à l'université, je fréquentais les mouvements féministes qui essaimaient en Afrique dans les années 1970. On y trouvait des femmes très éduquées comme moi, mais aussi des analphabètes venues de la campagne. Lorsque ces dernières m'ont dit qu'elles n'avaient plus assez d'eau potable, ni de petit bois pour le feu, ni de nourriture pour leurs enfants, lorsqu'elles ont parlé de l'abattage des arbres et des champs de thé, j'ai compris que quelque chose de grave s'était produit. Ces paysannes, qui venaient parfois des régions mêmes de mon enfance, se plaignaient toutes de la pauvreté. De la dureté du quotidien. De l'assèchement des terres. La rivière Gura, si pure et si tumultueuse autrefois ? L'eau y était désormais noire, les pierres figées, le débit faible.

Jusque-là, les Britanniques avaient remplacé une partie de la forêt indigène par des plantations d'espèces plus lucratives comme le pin, importé de l'hémisphère Nord, ou l'eucalyptus, venu d'Australie. Mais, depuis l'indépendance, les paysans étaient libres de planter des cultures qui leur avaient été autrefois interdites, comme le thé et le café, bien plus rentables à l'exportation. Et la déforestation s'était donc intensifiée, accentuant encore l'érosion.

Lorsque les destructions ont progressé vers la montagne, personne n'a protesté. Cela faisait tant d'années que les missionnaires, complices de tous les pouvoirs successifs, raillaient le mysticisme africain, que nos mythes les plus sacrés s'étaient effondrés. A quoi bon protéger une montagne dont personne ne croit plus qu'elle abrite Dieu ? Notez pourtant ce chiffre stupéfiant : à l'époque de la colonisation britannique, 30 % du territoire étaient couverts par la forêt. Aujourd'hui, la forêt représente à peine 2 % des terres. Mon rêve s'est donc dessiné peu à peu avec la disparition des arbres et la fonte des neiges du mont Kenya. Oh, il a commencé modestement, et sur une idée toute simple : à ces femmes qui décrivaient leurs champs devenus infertiles, j'ai proposé de replanter des arbres. C'était en 1974, et je n'avais alors pas de stratégie très élaborée. Mais je suis allée voir un forestier et j'ai réclamé des plants. Quinze millions. Il a ri. "Quinze millions ?" "Nous sommes 15 millions de Kenyans. Un Kenyan, un arbre."

Et nous avons monté une organisation avec les femmes. Nous avons organisé les pépinières. Et puis le transport des arbres, des pépinières jusqu'aux bordures des champs où ils devaient "habiller" les terres en formant une "ceinture verte" qui permettrait de limiter l'érosion, de faire revivre la faune et peu à peu de reconstituer la forêt. Il a fallu encore convaincre les fermiers de planter un arbre qu'ils ne verraient peut-être jamais adulte, leur donner un petit pécule et transformer ainsi cet acte écologique en moyen de subsistance. Mais notre mouvement, La ceinture verte, était né.


Beaucoup de terres avaient été privatisées dans les années 1980, et les forêts rasées. Chaque année, une partie des biens nationaux continuait d'être ainsi dilapidée dans un système où la corruption était maîtresse. Il a donc fallu dénoncer le pillage de notre terre par ceux-là mêmes qui étaient censés la protéger. Désigner les bénéficiaires et les responsables, c'est-à-dire essentiellement le gouvernement. Cela fit de nous des gens dangereux. Et nous avons commencé à être persécutés.

Nous avons été arrêtés plusieurs fois. Nos manifestations ont été interdites. Des procès nous ont été intentés. Mais La ceinture verte était devenue si populaire que j'ai dû organiser la récolte des fonds nécessaires à des plantations plus massives encore. Rien ne pouvait m'arrêter.

Quand on m'appela, un matin d'octobre 2004, pour m'annoncer qu'on m'attribuait le prix Nobel de la paix, je suis tombée des nues ! La paix ?... Oui, la paix. Et c'est bien de cela, au fond, qu'il s'agit. Détruire l'environnement affecte les conditions de survie des hommes et fournit le cadre de conflits potentiels. Paix, gestion durable des ressources et bonne gouvernance sont indissociablement liées. Y a-t-il meilleur symbole de paix et d'espoir qu'un arbre vivant ?

Alors je rêve que les Africains comprennent que la protection de la nature préservera d'abord leur autonomie et leur capacité à se nourrir. Je rêve que l'Afrique se dote de dirigeants compétents et en finisse avec ces corrompus qui privatisent, détruisent les territoires et sèment la guerre. Je rêve que le pouvoir, si clairvoyant sur l'intérêt des bûcherons, des promoteurs immobiliers et des compagnies de téléphone, cesse d'être aveugle devant ces étendues de cèdres et d'eucalyptus asséchées. Je rêve que l'Eglise nous offre, de mission en mission, de prêtre en prêtre, un précieux réseau d'éducation populaire. Je rêve enfin que l'on continue de replanter des arbres, par milliers, par millions, et qu'en retrouvant ses forêts, ses couleurs, l'Afrique découvre la démocratie et la paix.

En savoitr plus sur Wangari Maathai :

 

http://en.wikipedia.org/wiki/Wangari_Maathai

 








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5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 21:45

Puisque nous avons entamé le mois de Novembre, mois de la Sainte Catherine où « tout bois prend racine », je vais, à plusieurs occasions, vous parler des arbres, en quelque sorte assumer, clamer,  crier haut et fort mon « arbritude », comme dirait Julos Beaucarne, une arbritude profondément enracinée en moi depuis toujours . Je vais chanter le peuple des arbres, dont je me sens si proche.


Auprès de son Ormeau : 


De sa fenêtre, quelque part sur les coteaux du Gers, Luc Romann choyait du regard un Ormeau, haut d’une bonne trentaine de mètres (voir photo).

grand-ormeau001.jpg

Un jour, il y  a environ trente ans,  la Graphiose, cette terrible épidémie, a commencé à faire des ravages un peu partout dans l’Hexagone, y compris tout près de chez Romann. Les Ormeaux qui en étaient atteints, séchaient sur pied et mouraient les uns après les autres. Inquiet pour son bon géant, Luc s’est renseigné sur les moyens de lutte contre l’épidémie et a soigné l’arbre préventivement pendant sept années. En vain. La maladie, l’épidémie furent les plus fortes et par un beau mois de Juillet Gersois, l’ami Orme  perdit brusquement ses feuilles et mourut.
Dans une société où rien ni personne n’est reconnu s’il n’est performant et rentable, il n’est sans doute pas inutile de rappeler à quel point l’arbre mort peut être source d’alimentation et de vie pour nombre d’organismes végétaux ou animaux. « L’arbre mort, c’est la vie », dit un autocollant de l’ASPAS . C’est certain. Il n’empêche---- avoir devant les yeux tous les jours, à chaque seconde,  à quelques mètres de chez soi, le corps pathétique,  toujours immense et majestueux mais décharné et grisâtre de l’arbre tant admiré et aimé, est sans doute lourd à supporter.
Alors, la mort dans l’âme, Romann a fait venir un bûcheron. Monsieur l’Ormeau a été débité en planches. Puis sa souche fut arrachée. A la place de ses racines imposantes, un grand trou d’argile pure restait béant. L’utilisation de cette excavation semblait évidente. Il fallait en faire----une mare. 

IMAG0049.JPG


Et aujourd’hui, la Vie est toujours là, présente sous d’autres formes pour la joie des grenouilles vertes, des tritons, des libellules--- et j’en oublie --- les chevreuils .... les renards ... et les chats ....et les chiens amis de passage qui font une halte pour s'y désaltérer.... et puis bien sûr beaucoup de rainettes et de petites grenouilles rousses,  les poissons .... les plantes tout ce qui se retrouve à vivre autour, en particulier les oiseaux. ... C'est magique !

IMAG0070.JPG

Les planches, elles, 

sont encore stockées sous abri, tout près de la maison. L’Orme est un bois très apprécié en particulier pour l’ébénisterie. On en fait de superbes escaliers. Si vous êtes intéressé (e) par l’achat de ces planches, (environ 4 mètres cubes),  n’hésitez pas à me le faire savoir sur ce blog et je transmettrai à qui de droit. Offrir une deuxième vie au grand Ormeau, qui relèvera le défi ?


Les Ormeaux.             07.jpg
Chanson de Luc Romann.

Que les bergers
Rassemblent leurs troupeaux
Que les bergères
Fassent leurs yeux en pleurs
Qu’on mette en berne
Les couleurs des drapeaux
Pour les Ormeaux
Et tous les arbres qui meurent

Refrain :
Qu'il soit tout p'tit
Qu'il soit très grand
L'arbre est gentil
Il n'est jamais méchant (bis)
Aidez les !

Dans les forêts
Dans les vallées
Sur les coteaux
Ils étaient beaux
Dressés de tout leur cœur
C’était des rois
Avec des bras couverts d’oiseaux
Comme des croix
Ils n’ont plus que les os.

 

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5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 06:00
En 1981, naissait "Irulegiko Irratia", la première radio associative en langue Basque du Pays Basque intérieur.
Très vite, les "Amis de la Terre de Garazi -Garaziko Lurraren Adixkideak" créaient leur propre émission, qui a vécu quelques années.
A chaque édition, un couplet et le refrain de "Fatigué", la  chanson de Renaud l'annonçait et la clôturait. Nous avions choisi cette chanson  pour clamer notre immense tendresse pour les  arbres. Hein---? Comment----? Vous dites---- ? Oui, oui, je sais, Renaud ne la chante pas en Basque.  Bon, hé! Ca suffat comme ci---, il y a prescription! Et puis, faisez-en, vous, des chansons!
Ceci dit, nous étions déjà bien fatigués à l'époque. Cela n'a pu qu'empirer.
"Fatigué de chercher quelques traces d'amour dans l'océan de boue où sombre la pensée"---
Plus d'actualité que ça, tu meurs.

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4 novembre 2008 2 04 /11 /novembre /2008 12:14

 Chaque année, ce massacre se reproduit dans les îles Feroe, qui "appartiennent"au Danemark, pays membre de l'Union Européenne.
Pratique  présentée comme "traditionnelle" et " "culturelle", cette immonde boucherie est pratiquée par de jeunes hommes qui sont censés montrer ainsi qu'ils sont passés à l'âge adulte. Comme pour l'excision ou la lapidation des femmes adultères (ou supposées telles), on tremble là devant la glorification du "relativisme culturel", si à la mode aujourd'hui dans l'intelligentsia de gauche ou de droite!
Précision : Le Calderon, victime cette manifestation évidente de la connerie et de la barbarie humaines (oui, il y en a d'autres, je vous l'accorde!) est un dauphin qui aime s'approcher des humains, par curiosité.
Au royaume de la lâcheté et de la veulerie, je me demande si le monde de la taureaumachie ne se fait pas coiffer au poteau.
Il y a peu de temps encore, nous pensions que la civilisation nous viendrait du Nord----
 
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3 novembre 2008 1 03 /11 /novembre /2008 09:35
Je serai honnête avec vous, ce e n'est pas forcément tous les jours que je suis heureuse et fière  d'être chez les Verts. Il m'arrive souvent de me demander si cela vaut bien la peine, si depuis 1984, je ne me suis pas trompée de voie, si je ne ferais pas mieux de me remettre au point de croix.
Et puis, de temps à autres tombe une nouvelle, anecdotique pour certains mais qui me remet en accord avec moi-même.
Dominique VOYNET, Maire de la commune de Montreuil (93) vient de confirmer à l’Association Stéphane Lamart pour le droit des animaux, qu’elle refusera désormais tout cirque avec la présence d’animaux sur sa commune.
Sources:
http://ecoloplus.blogspot.com/


Vous connaissez cette parole de Reiser: http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marc_Reiser
 "On ne vous demande pas d'aimer les animaux, mais foutez leur la paix".


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2 novembre 2008 7 02 /11 /novembre /2008 11:19
Où donc classer ce communiqué de l'ARLP? Dans la catégorie "Manifs" ou dans celle à laquelle je tiens tant "Célébration de l'arbre"?
Bon, allez, je choisis la première. Qu'importe le flacon----
En tous cas, Julos Beaucarne semble avoir raison. La révolution passera sans doute par le vélo, camarades!

  Avec 12 vélos, les Planteurs Volontaires ont repoussé le 28 octobre la destruction des 9 fontaines!
(lire le communiqué de presse en pièce jointe et voir les photos et vidéos à cette adresse: http://www.asso-arlp.org/debattre/index.php?topic=456.0)

          Alain Rousset n’est pas venu et A’liénor renonce pour le moment à défricher sur le site. Le concessionnaire attend peut-être également la venue du Président du Conseil Régional pour entamer les travaux…

          Les Planteurs restent mobilisés et surveillent le site.

Rejoignez-nous avec (ou sans) votre vélo et une sangle à la prochaine alerte. Pour être rapidement contactés, envoyez dés maintenant vos coordonnées à cette adresse : a.arlp@yahoo.fr.

Alternative Régionale Langon Pau
www.asso-arlp.org


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1 novembre 2008 6 01 /11 /novembre /2008 10:25


Dans le monde où je vis, au début du  mois de Janvier, même les hommes sans tête apprennent aux petits garçons à planter le sapin de Noël.

Cela ne vous aura pas échappé; nous sommes aujourd'hui le 1er Novembre.
Je ne vais pas vous la faire romantique,  à la gloire des saisons automnale  et hivernale, toutes d'intériorité, de repli  sur soi palingénésique,  etc, etc. Je ne vous chanterai pas la douceur et le calme de la chanson du feu dans l'âtre tandis que les flammes lèchent les châtaignes  dans la poêle à trous, ni la folle poésie de  la nuit tombant sur un jour gris dans la colère du vent glacé qui s'acharne  sur la maison tapie au sol. Je ne vous dirai rien de la joie née de tout cela. Ce serait manquer singulièrement à la sincérité la plus élémentaire.
Non, non. Que nenni! Moi, j'aime le grand beau, la forte chaleur du matin, du midi, du soir, le jour qui n'en finit pas de s'éteindre dans la touffeur. Les journées courtes et le froid mordant me sont de dures épreuves physiques et morales dont la seule évocation commence à m'angoisser dès le 15 Août.
Pourtant, j'aime l'automne, plus qu'aucune autre saison. Et j' aime le mois de Novembre, plus qu'aucun autre mois. Pourquoi? Parce que ma fille est née en Novembre (j'en reparlerai le 25). Et aussi parce que l'automne est la saison par excellence pour planter des arbustes et des arbres, avec, en particulier cette date de la Sainte Catherine, où "tout bois prend racine". 
Je n'aurais peut-être pas écrit ces lignes ci-dessus si un ami, il y a quelques semaines, ne m'avait "avoué" pour lui-même ce que je vous dis là, me libérant ainsi de ce que je croyais être ma grande solitude, ce besoin vital et obsessionnel que j'ai depuis mon enfance la plus tendre  de  sauver des arbres, d'en planter, (jusqu'à aller aux alentours de mes dix ans---il y a prescription---- en planter la nuit  et en grand secret dans les jardins de voisins!), d'en multiplier, d'en distribuer, de faire naître et croître  des forêts sur la Terre, dans les  têtes et dans les coeurs . "Il peut y avoir toute une forêt dans un aboiement de renard" Jean Giono."Il faut reboiser l'âme humaine". Julos Beaucarne.
Alors, pour ce deuxième automne de mon blog, je ferai comme en Novembre 2007, je consacrerai  ce mois de Novembre en très grande partie à la gloire de l'arbre et de la forêt, plus encore---- à l'immense joie de planter des arbres.
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31 octobre 2008 5 31 /10 /octobre /2008 09:30


En 2006, le lâcher de Hvala.

Suite à :

http://jenolekolo.over-blog.com/article-24082852.html

 

je vous invite à participer à l'action suivante:

OSO : ¡ NO A LA CAPTURA DE LA OSA HVALA !

Alors que les tentatives de capture de l´ourse Hvala sont toujours en cours (à quelques semaines de l´entrée en hibernation...) et dont la finalité reste très floue, manifestez votre opposition auprès des autorités de la Généralidad de Catalogne et du Conseil Général d´Aran.

Pour faire simple ,recopier la phrase en espagnol servant de titre à cet article et l'expédier aux trois adresses qui suivent:

sia.dmah@gencat.net  dgmn.dmah@gencat.net  onsell@aran.ddl.net

Deux des trois adresses paraissent saturées, tenter à plusieurs reprises d'expédier les mails. Cette saturation serait-elle un bon présage de la marche de cette cyber-action vu que les pro-ours espagnols en font une identique de leur côté? Espérons-le!


 

Sources :
http://images-du-pays-des-ours.blogzoom.fr/


En savoir +:

 

http://paysdelours.com/

 


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